À 48 heures des élections législatives allemandes, Angela Merkel, en déplacement vendredi à Munich avant la Fête de la bière, mise sur sa personnalité pour mobiliser les électeurs indécis alors que sa coalition est menacée.

La chancelière conservatrice, qui sillonne l'Allemagne en tous sens, s'appuie sur son nom et son bilan pour tenter de mobiliser. Elle assure sur toutes les places de marché où elle se rend: «Vous n'aurez Merkel qu'avec la CDU», en demandant aux électeurs de voter pour l'Union chrétienne-démocrate, son parti.

C'est ce message qu'elle a encore répété en fin de journée dans la capitale de la Bavière, une région où son camp (la CSU, parti frère bavarois de la CDU) a fait le plein de voix dimanche dernier lors d'un scrutin régional. Samedi, Munich inaugurera la 180e Fête de la bière qui, élections obligent, prend cette année des accents politiques.

«Nous vous le demandons, allez voter, et donnez vos deux voix pour la CSU afin que nous puissions dire dimanche: l'Allemagne a un gouvernement stable», a lancé Mme Merkel à quelque 7000 personnes venues l'applaudir chaleureusement.

Dans le système allemand, on vote à la fois pour un député et pour un parti.

«Ça vaut la peine de se battre jusqu'au dernier jour», a-t-elle souligné, au côté d'Horst Seehofer, le grand gagnant des élections régionales bavaroises de la semaine passée.

Angela Merkel craint que ses électeurs ne soient tentés de soutenir son allié, le Parti libéral (FDP), en mauvaise posture dans les sondages, pour sauver la coalition au pouvoir depuis quatre ans.

«Si vous croyez qu'il est bon que je continue à être votre chancelière, alors je vous demande votre deuxième voix», a-t-elle encore insisté vendredi, comme lors des derniers jours.

«Vous me connaissez, nous avons réussi ensemble à faire qu'en 2013 un grand nombre de gens aillent mieux qu'en 2009», a-t-elle également affirmé.

À 59 ans, la présidente de la CDU est en passe d'obtenir un troisième mandat de chancelière.

Personnalité politique préférée des Allemands, très loin devant son principal adversaire, le candidat du Parti social-démocrate (SPD) Peer Steinbrück, elle pourrait cependant être contrainte de négocier une alliance avec cette formation, comme pendant son premier mandat (2005-2009).

La reconduction de sa coalition avec les libéraux du FDP est en effet incertaine, selon deux sondages rendus publics vendredi qui accordent 45 % des voix aux deux partis réunis, un total insuffisant pour constituer une majorité au Bundestag (chambre basse du Parlement).

Les électeurs «sont satisfaits de la chancelière, mais pas du gouvernement». «Cela sent le demi-changement de pouvoir», a estimé le politologue Karl-Rudolf Korte, de l'Université de Duisbourg (ouest) sur la chaîne de télévision ZDF.

Pour la première fois en Allemagne, un dernier sondage devrait être publié dimanche, jour du vote, par le quotidien à grand tirage Bild.

Le candidat du SPD Peer Steinbrück a insisté jeudi soir sur la nécessité de se «débarrasser de ce gouvernement», attaquant son bilan notamment en matière sociale: bas salaires, petites retraites...

«Donnez votre voix aux députés SPD, pour qu'ils puissent ensuite m'élire chancelier», a-t-il lancé à la foule réunie sur l'une des grandes places de Berlin.

Au cours de ces deux derniers jours, le SPD va poursuivre sa campagne de proximité, avec des centaines de milliers de visites à domicile et des rencontres à travers tout le pays.

La chancelière s'exprimera samedi à Berlin devant ses troupes, qui devraient lui faire un triomphe.

Elle achèvera sa campagne dans son fief de Stralsund. C'est dans cette circonscription des bords de la mer Baltique qu'elle a entamé sa carrière politique à la chute du Mur de Berlin en obtenant son premier mandat de député en 1990.

Instance morale en Allemagne, le président fédéral Joachim Gauck a appelé solennellement les 61,8 millions d'électeurs allemands à se rendre massivement aux urnes dimanche. Ce pasteur, qui lutta pour l'instauration de la démocratie dans la RDA communiste, a lancé dans un message vidéo: «Nous avons le choix».

«C'est quelque chose dont des millions de gens dans le monde rêvent», a-t-il souligné alors que l'abstention avait atteint un record, à près de 30 %, aux dernières législatives il y a quatre ans.