Le gouvernement grec a promis d'agir jeudi contre le parti néo-nazi Aube dorée après le choc provoqué par le meurtre d'un antifasciste par un militant présumé de cette formation, accusée de multiples violences ces derniers mois.

«Le gouvernement est déterminé à ne pas permettre aux descendants des nazis d'empoisonner la vie sociale, de commettre des crimes, de provoquer, et de miner les fondements du pays qui a fait naître la démocratie», a assuré d'une voix ferme le premier ministre Antonis Samaras dans un message spécial à la télévision, à la mi-journée.

Le meurtre, dans la nuit de mardi à mercredi près d'Athènes, de Pavlos Fyssas, un musicien antifasciste de 34 ans tué à coups de couteau par un militant présumé d'Aube dorée, âgé de 45 ans, a provoqué un choc, occupant jeudi tous les titres de la presse, partagée entre consternation et révolte tandis que des organisations internationales tirent la sonnette d'alarme contre la recrudescence néo-nazie.

«Cet incident est choquant et intolérable, surtout dans un pays de l'Union européenne. Si le gouvernement grec et le premier ministre Antonis Samaras ne parviennent pas à faire cesser ces comportements haineux d'Aube dorée et d'autres groupes fascistes, la présidence (grecque) sera inacceptable», a déclaré mercredi le président du groupe socialiste au Parlement européen, Hannes Swoboda, au moment ou Athènes s'apprête à prendre en janvier la présidence de l'UE.

Amnistie Internationale a lancé un appel «aux autorités grecques à faire tout ce qu'il faut pour empêcher la violence émanant des acteurs politiques» et à «envoyer un message clair selon lequel des actes de ce genre ne seront pas tolérés».

Pour le quotidien libéral Kathimerini, «le meurtre de sang-froid d'un citoyen par un sympathisant d'Aube dorée doit réveiller chacun».

Une manifestation contre le fascisme, appelée par les syndicats ouvriers, est prévue jeudi soir non loin de l'endroit où le musicien a été tué, une banlieue industrielle à l'ouest d'Athènes.

«Monstre du nazisme»

Eleftherotypia, journal de gauche, avait repeint en noir sa une sur laquelle se détachait, traversé d'une larme de sang, le profil de Pavlos Fyssas.

«Le monstre du nazisme tue»!, s'exclamait le quotidien Ethnos.

«La recrudescence de la violence sape toute perspective» de faire sortir le pays de la crise, a aussi déclaré M. Samaras.

Les responsables grecs ont été à plusieurs reprises accusés, y compris à l'étranger, de faire preuve de tolérance vis-à-vis de ce parti à l'idéologie xénophobe et antisémite qui, depuis son irruption au Parlement en juin 2012, n'a cessé de multiplier les attaques contre des hommes politiques de gauche et les immigrés.

Profitant d'une quasi-impunité, Aube dorée a consolidé ses positions, atteignant aujourd'hui 13 % dans les sondages, contre 7 % en 2012.

Le meurtre du rappeur anti-fasciste «a des mobiles politiques, il est la preuve de l'escalade des violences nazies qui ont commencé et se poursuivent, pour la plupart impunies», estime la Ligue grecque des droits de l'homme.

Le ministre de l'Ordre public Nikos Dendias a promis de renforcer l'arsenal législatif, en particulier les dispositions qui concernent «les organisations criminelles et les groupes armés».

Cependant, les observateurs font remarquer qu'au-delà de la fermeté affichée par le premier ministre à la télévision, aucune mesure précise n'est pour l'heure annoncée contre le parti néo-nazi.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le drame a été provoqué par un groupe d'une trentaine de personnes, qui attendaient la victime et ses amis à la sortie d'un café où ils suivaient un match de football (soccer).

Ces hommes décrits comme étant vêtus de noirs, pour la plupart, avaient été appelés en «renfort» par des compagnons à l'intérieur du café, selon des témoins.

Dans le groupe embusqué à l'extérieur de l'établissement, l'accusé a asséné des coups de couteau mortels à Pavlos Fyssas. Il a été arrêté sur le coup et le procureur a ouvert «des poursuites pénales pour homicide volontaire».

Les obsèques de Pavlos Fyssas ont eu lieu en fin de matinée à Keratsini, en présence de centaines de personnes.