L'ex-chef du gouvernement de centre droit Silvio Berlusconi a annoncé mercredi qu'il resterait sur la scène politique, même dans le cas très probable où il perdrait son poste de sénateur en raison d'une condamnation définitive en justice.

«Déchu ou pas, je serai toujours à vos côtés», a déclaré le Cavaliere, les traits tirés, dans un message vidéo «aux Italiens», diffusé intégralement sur la plupart des sites internet d'information. «Ce n'est pas le poste qui fait le dirigeant politique, mais le consensus populaire», a assuré M. Berlusconi, confirmant au passage la relance de Forza Italia, le parti avec lequel il avait débuté sa carrière politique il y a 20 ans.

À contre-courant des menaces provenant de son camp depuis des semaines, il n'a pas annoncé le retrait de ses ministres du gouvernement d'union inédit gauche-droite piloté par Enrico Letta, son cadet de 30 ans. Au contraire, les ministres ont pour rôle de «stopper le bombardement fiscal qui met à genoux nos familles et nos entreprises», a-t-il assuré, reprenant un leitmotiv de ses campagnes électorales.

M. Berlusconi risque dans les prochaines semaines d'être exclu du Sénat et proclamé inéligible en application de la loi Severino (2012) après sa condamnation définitive le 1er août en Cassation, la plus haute juridiction pénale, à une peine de prison (quatre ans dont trois annulés en raison d'une amnistie).

Mais cela passe par un processus long et complexe : deux votes en commission spéciale du Sénat - l'un ce mercredi vers 20 h GMT (16 h à Montréal) et l'autre dans dix jours -, et un vote du Sénat en séance plénière à la mi-octobre. Ce dernier devrait être défavorable au Cavaliere si on additionne les voix du centre gauche et des contestataires du Mouvement Cinq Étoiles de l'ex-humoriste Beppe Grillo.

Par ailleurs, l'exclusion de M. Berlusconi du Sénat est de toute façon au programme puisque sa condamnation à un an de prison (qu'il purgera sans doute à domicile vu son âge) est assortie d'une interdiction d'exercer tout mandat public. La Cour d'appel de Milan doit fixer le 19 octobre la durée exacte de cette sanction, dans une fourchette allant d'un à trois ans.

Dans son message enregistré de 16 minutes, l'ex-président du Conseil a affirmé être «absolument innocent», parlant de «sentence monstrueuse». Il s'en est pris en général à la justice qu'il a comparée à «une mauvaise maladie». Ses adversaires, a-t-il estimé, «ont l'illusion d'avoir réussi à (m)'exclure de la vie politique, mais la sentence pourrait ne pas être définitive, car je me battrais pour obtenir la révision en Italie et en Europe».

Devant une bibliothèque et des photos de famille, il a appelé ses électeurs (autour de 30 % selon les derniers sondages) à se rebeller et «à descendre dans l'arène pour combattre cette gauche» qui «utilise la justice à des fins politiques». Par quel moyen? En devenant «missionnaires» de son parti refondé Forza Italia («Allez l'Italie») dont il a scandé à trois reprises le nom, la main sur le coeur.

«Vive l'Italie, vive la liberté», a-t-il ajouté avant d'invoquer «Dieu qui, ayant créé l'homme, a voulu le rendre libre», la voix trahissant l'émotion et la fatigue.