L'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, qui a accepté de conseiller le gouvernement serbe, a promis mardi de faire de son mieux pour sortir du marasme une économie moribonde, mais s'est bien gardé de prédire un redressement miraculeux.

Avec à ses côtés le vice-premier ministre Aleksandar Vucic, M. Strauss-Kahn a dressé un tableau sombre de la situation économique en Serbie.

«Il existe de réels problèmes, mais je pense qu'il est possible» de trouver des solutions, a déclaré M. Strauss-Kahn à la presse.

L'ancien chef du FMI a précisé qu'il était entré en contact avec le gouvernement serbe par le biais du président de la Banque Arjil, Wladimir Moloff, qui a un contrat avec Belgrade, et qui lui a demandé de «rejoindre l'équipe».

Costume et cravate sombres, chemise bleu clair, l'ancien homme politique français s'est abstenu de dévoiler quelles solutions il envisagerait dans l'immédiat.

«Je ne dispose pas de tous les chiffres dont j'ai besoin. Avec le gouvernement, nous allons entrer dans tous les détails avant de proposer des mesures à adopter», a-t-il dit.

M. Strauss-Kahn, qui poursuivra ses entretiens à Belgrade mercredi, a prévenu que la tâche la plus difficile revenait néanmoins au gouvernement.

«Donner des conseils est plus facile que prendre des décisions et les mettre en oeuvre, car là il s'agit d'une décision politique», a-t-il mis en garde.

Il a précisé que pendant les trois premiers mois de collaboration avec Belgrade, il n'allait pas être rémunéré.

«On verra ensuite» quel sera l'arrangement financier avec le gouvernement serbe.

À la question de savoir si les démêlés de M. Strauss-Kahn avec la justice pourraient nuire à l'image de son gouvernement, M. Vucic a souligné que la seule chose qui l'intéressait était les compétences en matière d'économie de l'intéressé.

M. Strauss-Kahn a démissionné de son poste au FMI en 2011 après avoir été accusé de viol par une femme de chambre à New York.

En France, les juges d'instruction ont récemment décidé le renvoi devant la justice de Dominique Strauss-Kahn pour «proxénétisme aggravé» dans l'affaire dite du Carlton de Lille (nord).

Mais Belgrade ne voit que le redoutable spécialiste en économie.

«Nous n'avons pas honte de dire qu'il s'y connaît bien mieux que nous tous en économie (...) et qu'il a plus de contacts dans le monde des finances dans son carnet d'adresses que nous tous ensemble» au gouvernement, a dit M. Vucic.

«Nous allons mettre en oeuvre des mesures difficiles, que ceux au pouvoir avant nous n'ont pas pu ou pas osé appliquer (...), nous voulons une économie saine et nous allons oeuvrer pour atteindre cet objectif», a-t-il ajouté.

Le vice-premier ministre, un des hommes les plus influents de son pays, est allé jusqu'à remercier les journalistes présents à la conférence de presse de ne pas avoir posé de questions embarrassantes à son hôte, jugeant qu'une telle attitude illustrait leur sérieux et leur intérêt pour le redressement de l'économie nationale.

Fin juillet dans un entretien avec la télévision russe «Rossia 24», M. Strauss-Kahn avait assuré que la politique c'était «du passé» et qu'il souhaitait se consacrer à ses nouvelles fonctions de conseil.

L'ancien présidentiable socialiste a été nommé en juillet membre du conseil de surveillance de deux institutions financières détenues en majorité par les pouvoirs publics russes : le Fonds russe des investissements directs (RDIF) et la Banque russe de développement des régions (BRDR), contrôlée par la compagnie pétrolière Rosneft.

L'économie serbe s'est contractée de 1,7% en 2012, le chômage atteint les 24% et sa dette publique dépasse désormais les 60% du PIB.