Après un tour de chauffe dans les écoles, lycées et hôpitaux grecs touchés depuis lundi par un mouvement de grève des fonctionnaires, l'ensemble du secteur public est appelé à cesser le travail mercredi et jeudi contre un plan de restructuration réclamé par les bailleurs de fonds du pays.

La grogne sociale a ressurgi dans le pays à la suite de l'annonce récente par le gouvernement, sous la pression de la troïka des créanciers (UE-BCE-FMI), de la mise en disponibilité de 25 000 fonctionnaires et de 4000 licenciements d'ici la fin de l'année.

Outre les enseignants et les fonctionnaires de caisses de retraites et du ministère de l'Emploi, déjà en grève lundi, le mouvement s'est étendu mardi aux personnels des hôpitaux et aux avocats.

Des dizaines d'employés du ministère du Développement et de la principale caisse de retraites IKA, dans le centre d'Athènes, occupaient les locaux de leurs services pour protester contre les mutations prévues par le gouvernement de coalition droite-socialistes dirigé par le premier ministre conservateur Antonis Samaras.

«Nous venons de recevoir la liste des 100 premiers agents du ministère qui sont placés en disponibilité. Nous sommes sûrs que cette disponibilité aboutira à leur licenciement», a déclaré à l'AFP Dimitra Chioni, présidente du syndicat du ministère.

Pendant ce temps, le premier ministre Antonis Samaras en visite à Bruxelles a reçu l'appui du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, appelant les Grecs à ne pas «relâcher les efforts».

«Je sais que les citoyens grecs vivent dans des conditions extrêmement difficiles, mais nous pouvons dire maintenant qu'il y a de la lumière au bout du tunnel», après six ans de récession, a affirmé M. Barroso.

De nombreux collèges et lycées publics ou privés étaient de nouveau fermés à travers le pays dans le cadre d'une grève de cinq jours reconductible lancée par le syndicat des professeurs du secondaire Olme, mouvement qui a été très suivi lundi, selon les syndicats mais aussi de l'aveu même du ministère de l'Education.

Les professeurs protestent contre les suppressions de postes et de matières dites «secondaires» (langues, dessin, musique).

Les universités continuaient également d'être fermées, refusant de fournir au gouvernement la liste des employés de leurs services qui pourraient être mis en disponibilité.

Les médecins hospitaliers ont rejoint la mobilisation en entamant une grève de trois jours jusqu'à jeudi. Leur syndicat Oenge a appelé «au soutien des hôpitaux menacés de fermeture» à la suite de l'annonce gouvernementale d'une fusion de nombreux établissements.

Les avocats ont également commencé une grève de deux jours protestant contre une nouvelle réglementation qui réduit la rémunération des avocats salariés.

Fonctionnaires mis à l'épreuve

Ces mobilisations sont un préambule à une grève de 48 heures qui va toucher mercredi et jeudi tout le secteur public, à l'appel de la centrale syndicale du public Adedy qui organisera de nombreux défilés.

De son côté, la centrale du privé GSEE a annoncé qu'elle allait participer à la manifestation de mercredi «par solidarité aux fonctionnaires mis à l'épreuve» appelant à un arrêt de travail de quatre heures, en début d'après-midi.

«La lutte va continuer pour mettre un terme à la pauvreté, la misère, le chômage, l'austérité, le chantage et les licenciement dans le privé et le public (...) et les politiques barbares de rigueur», a affirmé la GSEE.

La mobilisation faisait la une mardi des quotidiens grecs:

«Après les grèves, occupations des écoles», titrait le quotidien libéral Kathimérini, soulignant que «des dizaines d'écoles en Attique étaient occupées».

Le quotidien de gauche Elefthérotypia se félicitait du fait que «des milliers de personnes ont battu le pavé lundi» lors des manifestations de professeurs et fonctionnaires qui ont rassemblé 17 000 personnes à Athènes et Salonique (nord).

Tentant d'apaiser le climat social, M. Samaras a estimé lundi que les politiques d'austérité ne devaient pas continuer et que la Grèce avait besoin de mesures pour renouer avec la croissance.