Un violeur récidiviste franco-suisse soupçonné d'avoir tué une thérapeute en Suisse a été arrêté dimanche en Pologne, a annoncé le ministère public suisse, après une chasse à l'homme de quatre jours dans plusieurs pays.

«La police polonaise a mené une opération à la suite d'informations permettant de localiser l'assassin présumé d'une sociothérapeute», a indiqué le ministère public suisse dans un communiqué. «Le suspect, activement recherché dans le cadre d'un mandat d'arrêt international, a été arrêté à la frontière germano-polonaise», déclare le communiqué.

Le fuyard a été arrêté en territoire polonais par la police allemande qui l'a ensuite remis à la police polonaise.

«Il a été arrêté par la police allemande en territoire polonais près de la ville de Police lors d'une poursuite transfrontalière. Il fuyait dans la voiture immatriculée en Suisse, probablement la voiture appartenait à sa victime», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police polonaise Mariusz Sokolowski.

Cette affaire suscite une très grande émotion en Suisse d'autant qu'elle intervient après plusieurs autres cas relativement similaires remettant en cause l'efficacité du système d'exécution des peines.

La presse a décrit l'homme comme extrêmement dangereux, «une bombe prête à exploser de nouveau», selon l'expression d'une experte française, Liliane Daligand, professeur à l'universite de Lyon, qui l'avait examiné en 2003 et avait estimé qu'il «allait recommencer».

«Violer jusqu'à tuer est comme une drogue. Il y a une addiction à la violence. Maintenant qu'il y a goûté, il va recommencer», a-t-elle déclaré au journal suisse Le Matin dans son édition de samedi.

Fabrice Anthamatten est un binational franco-suisse âgé de 39 ans condamné en France à 15 ans de prison pour un viol commis à l'occasion d'une mise en liberté provisoire en Suisse. Il y avait été condamné à 5 ans de prison pour une autre affaire de viol en 2001. Condamné en France, il avait ensuite demandé à effectuer sa peine française en Suisse et avait été transféré avec une peine cumulée de 20 ans dans une prison de Genève, puis dans un département de sociothérapie de cette prison. Il aurait pu demander une mise en liberté provisoire en 2015.

Dans sa prison à Genève, Fabrice Anthamatten bénéficiait d'un programme thérapeutique qui comportait des exercices équestres. Jeudi était sa deuxième sortie accompagnée, la première, le 3 septembre avait fait l'objet d'une évaluation positive, selon les autorités.

Le corps d'Adeline, la jeune psychologue de 34 ans qui était la seule à l'accompagner, a été trouvé près du club hippique où ils étaient attendus. Travaillant depuis 2007 dans le milieu pénitentiaire, elle avait assuré plus de 200 sorties accompagnées, mais selon sa mère elle songeait à démissionner.

Fabrice Anthamatten a été arrêté dimanche après quatre jours de cavale à Kolbaskowo, localité polonaise près de la frontière allemande, à quelque 150 km au nord-ouest de Berlin, ont précisé les autorités judiciaires et policières allemandes.

Il était au volant du véhicule qui avait été utilisé pour sa sortie accompagné jeudi. Les autorités allemandes ajoutent que l'arme présumée du crime a été retrouvée dans la voiture du suspect.

Une demande d'extradition sera adressée dans les prochaines heures aux autorités judiciaires polonaises, a annoncé le procureur genevois Olivier Jornot à la télévision RTS. Il a précisé qu'un mandat d'arrêt international avait été lancé dès jeudi, mais qu'il avait été étendu à l'assassinat par la suite.

Cette disparition avait entraîné un important dispositif de recherche européen qui s'était concentré dans la nuit de jeudi à vendredi dans la région de Bâle, aux frontières de la Suisse, de la France et de l'Allemagne, avec une collaboration des polices des trois pays.

Les recherches avaient été déclenchées suite à la localisation du signal du téléphone portable de la jeune femme.

Vendredi à la mi-journée, une soixantaine de policiers allemands étaient intervenus à Weil-sur-le-Rhin, à 2 kilomètres de la frontière suisse, dans une auberge et une salle de jeu, avait indiqué à l'AFP un porte-parole de la police de Lörrach.

Un chien avait ensuite retrouvé une trace de l'homme mais cela n'avait rien donné.

En réaction à ce drame, le chef du département de la sécurité de Genève avait annoncé au cours d'une conférence de presse la suspension de toutes les sorties temporaires de détenus des établissements pénitentiaires genevois, une mesure affectant quelque 600 détenus.