Un avocat de Silvio Berlusconi a évoqué mercredi la possibilité que l'ex-chef du gouvernement demande et obtienne du président Giorgio Napolitano une grâce après sa condamnation pour fraude fiscale, déclenchant un vif débat.

«Je pense que tôt ou tard, elle (la grâce) sera demandée» au président Giorgio Napolitano, a déclaré Me Piero Longo, à Radio Capital, en réponse à une question sur la possibilité d'une «requête formelle» venant de M. Berlusconi ou de son parti le PDL (Peuple de la Liberté).

Le 1er août, la Cour de Cassation a prononcé à l'encontre de l'ex-premier ministre sa première condamnation définitive en confirmant une peine d'un an de prison pour fraude fiscale (procès Mediaset), qu'il devrait purger à domicile compte tenu de son âge (77 ans en septembre).

Les propos de l'avocat ont secoué le microcosme politique, car intervenus au lendemain d'un communiqué du président Napolitano dans lequel il n'excluait pas une grâce. Il a indiqué de façon ambiguë n'avoir «reçu aucune demande à laquelle je devrais donner une réponse».

Pour l'ex-ministre berlusconienne Stefania Prestigiacomo, les déclarations de M. Napolitano constituent «une ouverture importante».

Un autre avocat de M. Berlusconi, Franco Coppi, a confirmé que solliciter la grâce présidentielle est «une des options sur la table», même si, selon lui, «rien n'a encore été décidé».

«Je t'accorde la grâce si tu es sage», a polémiqué le journal de gauche Il Fatto Quotidiano en une, affirmant que M. Napolitano serait disposé à la clémence à condition que le Cavaliere «laisse naviguer sans encombre» le gouvernement Letta. Dans son communiqué, M. Napolitano a effectivement jugé qu'une «crise de gouvernement serait fatale» pour l'Italie, aux prises avec la récession depuis près de deux ans et un énorme endettement (130% du PIB).

Pour l'ex-juge anticorruption Antonio di Pietro (gauche), «il pourrait y avoir les éléments pour une procédure de destitution» du président pour violation de la Constitution, car gracier Silvio Berlusconi «serait un camouflet à l'État de droit et à notre histoire républicaine».

L'ex-comique Beppe Grillo, qui avec son Mouvement 5 Étoiles a obtenu un quart des suffrages aux dernières législatives, a conseillé au président de «démissionner». Selon lui, «si Berlusconi est sauvé, ce sera la mort des institutions italiennes».

Pour la première fois, la gauche et la droite sont unies dans un gouvernement italien qui a été constitué sous la houlette de M. Napolitano fin avril après deux mois d'impasse en raison de l'absence d'un véritable vainqueur aux législatives de février.

D'autres commentateurs ont cependant jugé improbable que le Cavaliere, qui n'a de cesse de clamer son innocence et affirme être victime d'une «persécution judiciaire visant à l'éliminer de la vie politique», fasse une demande de grâce qui impliquerait une reconnaissance de culpabilité.

Après la condamnation en Cassation, les «faucons» du PDL ont à plusieurs reprises menacé de faire tomber l'exécutif si leur chef n'obtenait pas une marge de manoeuvre pour rester en selle politiquement.

Sa condamnation définitive implique qu'il puisse être destitué de son poste de sénateur et qu'il ne soit plus éligible aux prochaines législatives. La chambre haute sera appelée à se prononcer sur ces points en septembre.

Une grâce pourrait, par exemple, se traduire par une transformation de la peine en une amende, permettant à Silvio Berlusconi de mener une nouvelle campagne électorale.