Le criminel de guerre nazi présumé le plus recherché au monde, le Hongrois Laszlo Csatari, est mort à l'âge de 98 ans samedi à Budapest, échappant à la justice qui l'accusait de la déportation de quelque 12 000 juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

«Il est mort samedi matin à l'hôpital où il était soigné pour des maux intestinaux et a finalement contracté une pneumonie», a indiqué à l'AFP son avocat, Gabor Horvath.

Assigné à résidence à son domicile à Budapest dans l'attente de son procès, Laszlo Csatari ne sera donc pas jugé pour «crimes contre l'humanité», notamment la déportation en 1944 vers les camps d'extermination nazis de quelque 12 000 juifs détenus dans le ghetto de Kosice (Kassa), en Slovaquie, qui se trouvait alors sous administration de la Hongrie, alliée de l'Allemagne nazie.

Selon le Centre Simon Wiesenthal en Israël, qui avait placé Laszlo Csatari en tête de la liste des criminels de guerre nazis les plus recherchés dans le monde jusqu'à son arrestation à Budapest en juillet 2012, 15 700 juifs ont été déportés de Kassa vers les camps de la mort entre 1941 et 1944, des éléments qui ont servi de point de départ aux investigations de la justice hongroise.

Laszlo Csatari, nommé en 1942 chef de la police de Kosice «battait régulièrement les Juifs à mains nues ou avec un fouet sans aucune raison, sans égard à l'âge, au sexe ou à l'état de santé des détenus», avait indiqué l'office du procureur en Hongrie, des accusations que l'intéressé a toujours niées.

Condamné à mort par contumace en 1948 à Kosice, alors en Tchécoslovaquie, Csatari s'était réfugié au Canada où il gagnait sa vie comme marchand d'art. En 1995, les autorités canadiennes ayant découvert sa véritable identité, il s'était alors enfui en Hongrie où il a vécu, apparemment sans être inquiété, jusqu'à son arrestation.

Le tribunal de Kosice a officiellement commué en avril 2013 sa peine de mort en réclusion à perpétuité - la peine de mort ayant été abolie en Slovaquie -, ouvrant ainsi la voie à son éventuelle extradition. La justice slovaque souhaitait le rejuger et avait fixé la date du procès au 26 septembre.

«C'est une honte que Csatari, un acteur condamné (en 1948) et impénitent de l'Holocauste... ait échappé à la justice et à la condamnation à la toute dernière minute», a réagi dans un communiqué Efraïm Zuroff, le directeur du Centre Simon Wiesenthal, organisation qui avait critiqué le fait que Laszlo Csatari ait pu vivre plus de quinze ans en Hongrie sans être inquiété par les autorités hongroises.

«Nous n'avons jamais cru que Csatari vivrait assez longtemps pour être jugé sur terre», a de son côté indiqué à l'AFP Lucia Kollarova, la porte-parole de la communauté juive de la Slovaquie.

Le jugement des derniers criminels de guerre nazis «devient, du fait de leur âge, de plus en plus difficile, car ils meurent et toute la difficulté est de prouver leurs crimes en raison de l'absence de témoins», a commenté lundi le «chasseur de nazis» français Serge Klarsfeld.

Ces dernières années, les autorités en Europe ont redoublé d'efforts pour faire comparaître en justice les derniers suspects.

L'Allemagne a condamné en 2011 l'ancien gardien du camp de Sobibor, John Demjanjuk, à cinq ans de prison, ce dont il avait fait appel. Il avait comparu en fauteuil roulant ou sur un brancard - une mise en scène, selon certains. Il est mort un an plus tard à l'âge de 91 ans.

Son cas a créé un précédent en Allemagne, car le fait d'avoir été employé dans un camp de concentration était suffisant pour reconnaître Demjanjuk coupable de complicité de meurtres. La justice allemande étudie une cinquantaine de cas actuellement.

La justice hongroise a déjà jugé en 2011 un ancien criminel de guerre nazi présumé, Sandor Kepiro, qui avait été acquitté faute de preuves. Il est mort depuis, en septembre 2011, à l'âge de 97 ans.