Les six migrants qui se sont noyés samedi près de Catane, en Sicile, étaient égyptiens et le chalutier qui les transportait avec une centaine d'autres a été abandonné au large par un navire plus grand, ont annoncé la police locale et les magistrats.

Les six clandestins qui avaient sauté du chalutier en pensant être arrivés sur le rivage ont été identifiés comme ayant entre 17 et 27 ans. Le seul mineur aurait eu 18 ans le 25 août, selon les enquêteurs, qui ont indiqué qu'une des victimes âgée de 27 ans en était à sa cinquième tentative d'immigration clandestine en Italie, la première ayant eu lieu en 2004 à Syracuse.

Le premier ministre italien Enrico Letta, en visite en Azerbaïdjan, a exprimé «sa profonde douleur», appelant à «une nouvelle approche» en Europe face au phénomène migratoire, qualifié de «structurel».

Il a rappelé s'être mis d'accord pour que les présidences grecque et italienne de l'UE qui se succéderont en 2014 «procèdent à un changement de cap». «L'Italie est un pays accueillant», mais «il faut une stratégie européenne de long terme», a-t-il estimé lors d'une conférence de presse.

Le pape François, qui avait effectué début juillet son premier voyage hors de Rome sur l'île sicilienne de Lampedusa, a exprimé sa «grande préoccupation» après le drame de Catane, selon son porte-parole, le père Federico Lombardi.

À Lampedusa, où sont arrivés des milliers de migrants africains en provenance de Libye depuis le début de l'année, le pape avait dénoncé «la mondialisation de l'indifférence».

Le chalutier s'était ensablé à une quinzaine de mètres du rivage à l'aube samedi, en face d'un établissement balnéaire qu'une partie des migrants --beaucoup de Syriens, mais également des Égyptiens-- avaient réussi à rejoindre à la nage, les autres étant secourus par les garde-côtes.

Selon des témoignages «fiables» de naufragés recueillis par les enquêteurs judiciaires et policiers, les immigrants étaient partis il y a sept jours du nord de l'Égypte à bord d'un «navire principal», probablement un gros navire marchand, avant d'être transférés sur un vieux chalutier. Celui-ci a été remorqué par le «bateau mère» puis abandonné environ 36 heures avant de s'échouer sur un banc de sable devant Catane.

Selon les enquêteurs, sur le chalutier, en plus des 94 rescapés et des six qui se sont noyés, le chalutier transportait au moins trois passeurs qui ont réussi à s'enfuir. Deux jeunes Égyptiens de 16 et 17 ans qui avaient sur le bateau la fonction de distribuer les vivres ont été placés en état d'arrestation.

Le procureur de Catane, qui a ouvert une enquête pour incitation à l'immigration clandestine et homicide multiple, a confirmé la thèse du remorquage par un «bateau mère», estimant dans le journal catholique Avvenire que «sinon ils auraient été repérés plus tôt».

Pour le magistrat, cela implique l'existence d'un «réseau organisé (...) pour arriver à la côte sans s'arrêter à Lampedusa (plus proche des côtes nord-africaines, NDLR) et pour échapper au système de surveillance» des côtes.

Un autre bateau, chargé de 80 migrants égyptiens et syriens, s'est ensablé puis retourné sans faire de blessés dimanche près de Monasterace, en Calabre. Ces 15 derniers jours, cinq débarquements ont eu lieu sur cette côte.