L'Italie pleurait ses morts mardi lors d'une journée de deuil décrétée à l'occasion des funérailles des victimes du dramatique accident de car qui a fait au moins 38 morts dimanche dans la région de Naples.

Drapeaux en berne sur tous les édifices publics, commerces fermés pour quelques heures, programmes de télévision chamboulés...

Des milliers de personnes éplorées se sont retrouvées mardi matin dans la grande salle de sport de Pozzuoli, où un autel avait été aménagé pour les funérailles des victimes. La grande majorité des 38 personnes qui ont perdu la vie dans l'accident résidaient dans cette petite localité balnéaire proche de Naples, et des centaines de personnes ont dû suivre la cérémonie depuis l'extérieur sur un écran géant.

Un cordon de sécurité avait été établi autour des familles, assises, en pleurs, autour des cercueils alignés devant l'autel. Des monceaux de fleurs ornaient la salle pour cette cérémonie en présence du chef du gouvernement Enrico Letta et de plusieurs de ses ministres.

Au début de l'office religieux, les noms des 38 victimes ont été cités l'un après l'autre. Durant son homélie, l'évêque de Pozzuoli Gennaro Pascarella a affirmé que face à une telle tragédie «il est difficile de parler. La moindre parole peut paraître banale, déplacée ou seulement formelle».

À la fin de la cérémonie, au moment du départ des cercueils, certains parents se sont mis à crier et se sont agrippés aux sépultures recouvertes de fleurs tandis que d'autres ont applaudi. Une dizaine de personnes ont été prises de malaise durant les funérailles et ont dû être évacuées.

Le maire de Pozzuoli Vincenzo Figliolia a évoqué une «tragédie qui lui a coupé le coeur en deux». M. Letta est venu le serrer dans ses bras avant de partir.

«Nous nous sentons tous vraiment vraiment mal. On se connaissait tous ici, nous sommes tous un peu frères et soeurs...» confie à l'AFP Franco, qui a perdu un ami dans la catastrophe. «Sa femme est à l'hôpital. Elle ne sait même pas que son mari est mort. J'ai un autre ami qui a perdu deux soeurs, deux beaux-frères et deux enfants», raconte-t-il.

Un autre habitant, Annibale Spira, veut «savoir ce qui s'est passé», d'autant que «ce n'est pas la première fois qu'un accident se produit à cet endroit-là».

L'accident spectaculaire, l'un des plus meurtriers de ces dix dernières années en Europe, a fait 38 morts et 10 blessés parmi les passagers, auxquels s'ajoutent neuf blessés légers parmi les occupants de véhicules percutés par le car avant sa chute mortelle.

L'autocar, qui a effectué un vol plané de 30 mètres depuis un pont routier, transportait 48 passagers, dont de nombreux enfants, tous originaires de la province de Naples.

Les blessés les plus graves sont des enfants, parfois très jeunes, qui ont été hospitalisés à Naples. Selon l'agence Ansa, aucun n'a reçu la visite de ses parents, ce qui fait craindre que ces derniers aient perdu la vie dans la catastrophe.

C'est un «moment très triste pour l'Italie», «une tragédie énorme», a réagi M. Letta, tandis que le président Giorgio Napolitano a dénoncé «une tragédie inacceptable».

Le parquet d'Avellino a ouvert une enquête pour «homicides involontaires». L'enquête portera non seulement sur l'éventuelle responsabilité du chauffeur, mort dans l'accident, mais aussi sur l'état du véhicule et la qualité de la barrière de protection défoncée par l'autocar pendant sa course folle.

«Nous ferons tout ce que nous pourrons et nous ferons en sorte que tout le monde obtienne justice, c'est vraiment une affaire grave», a promis sur place le procureur responsable de l'enquête, Rosario Cantelmo, précisant que plusieurs personnes avaient déjà été placées sous enquête, sans en révéler ni le nombre ni l'identité.

Une autopsie sera réalisée sur le corps du chauffeur pour vérifier si ce dernier avait pris des drogues ou de l'alcool, ou encore s'il a été pris d'un malaise.

L'autocar - un gros car de tourisme - est arrivé à vive allure sur une zone en descente, en dépit de nombreux panneaux de limitation de vitesse, et a percuté les véhicules qui se trouvaient devant lui, provoquant un énorme carambolage.

Puis il a défoncé le rail de sécurité du viaduc sur plusieurs mètres et  plongé dans des broussailles quelque 30 mètres plus bas.

Selon certains témoignages cités par les médias italiens, l'autocar a commencé à prendre de la vitesse et perdre «des morceaux» environ un kilomètre avant sa chute mortelle. Une passagère rescapée a raconté avoir pensé que le car avait crevé puis «qu'il avait perdu une roue». Le chauffeur aurait tenté de freiner sa course en se collant contre le rail de sécurité qui s'est au contraire effondré.