Le pape François a condamné le «lobby gai», mais a affirmé ne pas juger les homosexuels, y compris dans l'Église, dans une conférence de presse tenue dans la nuit de dimanche à lundi dans l'avion entre Rio et Rome.

«Le problème n'est pas d'avoir cette tendance, c'est de faire du lobbying. C'est le problème le plus grave selon moi. Si une personne est gaie et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?» a-t-il demandé.

C'était la première fois que le pape donnait une véritable conférence de presse. Détendu, plaisantant mais prudent, il a répondu à toutes les questions sans en esquiver, parfois après des pauses de réflexion, de manière très maîtrisée, que lui posaient une quinzaine des 70 journalistes présents sur le vol.

Interrogé sur les affirmations selon lesquelles il aurait été tenu dans l'ignorance des relations homosexuelles d'un prélat qu'il a nommé à la banque du Vatican, l'IOR, Mgr Ricca, le pape a répondu: «J'ai fait diligenter une enquête brève et nous n'avons rien trouvé sur lui».

«Je n'ai encore vu personne au Vatican sur la carte d'identité duquel est inscrit gai. On affirme qu'il y en a. Le catéchisme de l'Église catholique dit très bien qu'on ne doit pas marginaliser ces personnes qui doivent être intégrées dans la société».

«Sur le lobby gai, je n'ai rien trouvé. Les lobbies ne sont pas bons», a-t-il dit citant en exemple les lobbies politiques ou francs-maçons.

Évoquant plus largement la sexualité dans l'Église, il a distingué «les délits» comme «les abus sur mineurs» et les «péchés», notamment les «péchés de jeunesse». «Des laïcs, des prêtres, des soeurs ont fait des péchés et se sont convertis. Quand le Seigneur pardonne, il oublie tout».

Interrogé sur le mariage gai et sur l'avortement, auxquels l'Église est fermement opposée, le pape a répondu: «Vous savez parfaitement la position de l'Église». Pour la seule fois, il a répondu brièvement, sèchement.



Ordination refusée aux femmes


Le pape François a également affirmé que le rôle des «femmes actives dans l'Église» devait être approfondi, tout en refusant catégoriquement leur ordination.

«L'Église est féminine, mère, et la femme, ce n'est pas seulement la maternité, la mère de famille», a estimé le pape qui a appelé de ses voeux «une théologie approfondie de la femme que nous n'avons pas encore faite». Mais il a redit «non à l'ordination des femmes».

«La porte a été fermée» par Jean Paul II sur cette demande, a-t-il dit.

«Une Église sans les femmes est comme le collège des apôtres sans Marie», a-t-il remarqué, ajoutant que «Marie est plus importante que les évêques».

Interrogé sur la question des divorcés remariés, il a souhaité qu'une réflexion se poursuive dans le cadre de «la pastorale du mariage», que les 8 cardinaux qu'il a nommés pour le conseiller doivent «porter de l'avant».

«C'est toujours un thème. Aujourd'hui est venu le temps de la miséricorde. Un changement d'époque», a-t-il dit. Les divorcés peuvent communier, c'est la question des «secondes unions» qui pose problème, a-t-il rappelé.