La ministre de l'Immigration Cecile Kyenge, première ministre noire de l'histoire de l'Italie, a été la cible d'un nouvel acte raciste, essuyant des jets de bananes lors d'une réunion, qui a suscité samedi l'indignation dans la classe politique et sur les réseaux sociaux.

La ministre de l'Immigration, qui a déjà été la cible à plusieurs reprises d'insultes racistes, s'exprimait vendredi lors d'une réunion du Parti démocratique (PD) lorsqu'un spectateur non identifié a lancé sur elle des bananes, manquant la tribune.

Mme Kyenge, qui se refuse à tomber dans le piège de la provocation, a immédiatement réagi à cette  agression en critiquant «un gaspillage de nourriture».

Déjà en juillet, l'un des dirigeants de la Ligue du nord, Roberto Calderoli, avait comparé Mme Kyenge à un orang-outan. Depuis sa nomination, Mme Kyenge, originaire de la République démocratique du Congo, a dû affronter des manifestations d'hostilité de la Ligue du nord, un parti allié au Peuple de la Liberté de Silvio Berlusconi, actuellement dans l'opposition.

Les réactions indignées et les déclarations de soutien à la ministre se sont multipliées samedi sur Twitter.

«Un autre geste honteux et scandaleux. Solidarité avec la ministre Kyenge. À présent, isolons les imbéciles», a écrit l'ex-maire de Rome Gianni Alemanno.

La ministre de l'Environnement Andrea Orlando a exprimé sa «très vive indignation pour cet acte minable», tandis que la ministre de l'Agriculture Nunzia de Girolamo, a estimé que Mme Kyenge avait «montré que face à des actes idiots et violents, la meilleure arme (était) parfois l'ironie».

De nombreux messages appelaient Mme Kyenge à poursuivre la lutte contre le racisme.

Avant l'incident du jet de bananes, des membres de l'organisation d'extrême droite Forza Nuova ont déposé à la réunion des poupées grandeur nature inondées de sang factice. Ils entendaient protester ainsi contre la campagne de Mme Kyenge visant à faciliter l'obtention de la nationalité italienne par les enfants nés de parents étrangers en Italie.

Le mouvement Forza Nuova a assuré n'avoir rien à voir avec l'incident de vendredi.