La justice russe a confirmé mercredi le maintien en détention d'une jeune femme du groupe contestataire Pussy Riot en dépit du soutien d'une centaine de vedettes mondiales de la musique réclamant sa libération ainsi que celle d'une de ses deux compagnes toujours emprisonnée.

Un tribunal de Perm, dans l'Oural, a rejeté la requête de Maria Alekhina, qui contestait la décision prise en mai par un autre tribunal ayant refusé sa demande de libération anticipée après plus d'un an de détention, selon l'agence de presse RIA Novosti.

Maria Alekhina est l'une des trois jeunes femmes des Pussy Riot condamnées l'an passé à deux ans de camp pour une «prière punk» contre Vladimir Poutine dans la cathédrale de Moscou, une affaire qui a suscité un tollé à l'étranger.

La jeune femme n'était pas présente dans la salle du tribunal, bien qu'elle ait été transférée à la veille de l'audience à Perm, à partir du camp de Berezniki, également dans l'Oural, où elle purge sa peine.

Le procureur a requis son maintien en détention, expliquant qu'elle continuait de violer le règlement intérieur de la colonie pénitentiaire, d'après RIA Novosti.

L'avocate de Maria Alekhina, Irina Khrounova, a indiqué aussitôt après la décision du tribunal qu'elle allait de nouveau contester cette décision, sa cliente pouvant bénéficier d'une libération anticipée après avoir purgé plus de la moitié de sa peine.

Maria Alekhina, 25 ans, mère d'un enfant en bas âge, a dû suivre les débats au tribunal par vidéoconférence, une séance souvent interrompue et émaillée de plusieurs incidents techniques.

«J'annonce que je quitte cette audience dans la mesure où mes droits sont bafoués», a dit la jeune femme, portant une robe sombre et un petit chapeau noir, selon un message publié sur Twitter par le groupe contestataire Voïna qui soutient les Pussy Riot.

«Ce qui se passe aujourd'hui au tribunal chargé du cas d'Alekhina est scandaleux», a réagi sur Twitter le blogueur russe Alexeï Navalny, l'opposant numéro un au président russe Vladimir Poutine.

En mai, Maria Alekhina s'était déjà vu interdire de participer à l'audience du tribunal de Berezniki qui examinait sa première demande de libération anticipée. Elle avait alors observé une grève de la faim pendant onze jours pour protester contre cette décision.

L'examen du recours de Maria Alekhina est intervenu deux jours après l'appel lancé par plus de 100 musiciens de renommée internationale, parmi lesquels Madonna, Adele, Elton John et Bryan Adams, en faveur de la libération de la jeune femme et d'une autre, également membre du groupe Pussy Riot et incarcérée, Nadejda Tolokonnikova, 23 ans.

«Tout en comprenant qu'une action de contestation menée dans un lieu de culte puisse choquer, nous demandons aux autorités russes de revoir les sentences très lourdes prononcées, afin que vous puissiez retrouver vos enfants, vos familles et vos vies», ont déclaré les artistes dans une lettre ouverte.

«Vous êtes accusées de ce que l'on pourrait qualifier de délit +sans victime+, mais nous sommes convaincus que, dans une société juste, il ne peut y avoir de délit sans +victime+ identifiable», ont-ils souligné.

Incarcérée en Mordovie, une région située à 640 kilomètres à l'est de Moscou, Nadejda Tolokonnikova, qui a également un enfant en bas âge, s'était vu refuser une demande de libération anticipée fin avril. Son recours contre cette décision doit être examiné vendredi.

Arrêtées en février 2012 après leur performance, les jeunes femmes avaient été condamnées en août à deux ans de camp pour «hooliganisme» et «incitation à la haine religieuse». Une troisième jeune femme, également arrêtée et condamnée, Ekaterina Samoutsevitch, a bénéficié d'une libération anticipée en octobre, après que sa peine de deux ans a été commuée en sursis.

Soutenues par de nombreux artistes, les Pussy Riot sont devenues depuis un symbole de la protestation contre le régime de M. Poutine, revenu au Kremlin en mai 2012 pour un troisième mandat de président et accusé par l'opposition d'atteintes aux libertés.

L'affaire des Pussy Riot a aussi profondément divisé la société en Russie, mais, selon les sondages, la majorité des Russes jugent adéquate la condamnation des jeunes femmes à deux ans de détention.