Le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls a déclaré que le calme était «en train de revenir» à Trappes, où il s'est rendu lundi matin, après un week-end marqué par des violences urbaines dans cette cité populaire de la grande banlieue ouest de Paris.

«Grâce au travail des policiers (...) aux renforts au cours de ces derniers jours, (...) le calme est en train de revenir et c'est l'essentiel», a déclaré le ministre socialiste lors d'un point-presse.

Des incidents de moindre intensité que les nuits passées ont encore touché Trappes et ses alentours dans la nuit de dimanche à lundi.

Il a qualifié ces violences d'«émeutes» et les a jugées «inacceptables», tout en relativisant l'ampleur.

Les «émeutiers» étaient «200 seulement, dans une ville qui compte 30 000 habitants», a-t-il souligné. «Il faut éviter tous les amalgames des quartiers populaires avec une minorité de voyous».

Vendredi soir, de 250 à 400 personnes selon des témoins avaient manifesté près du commissariat de Trappes pour protester contre le maintien en garde à vue d'un jeune homme interpellé la veille. Les manifestants ont jeté des pierres, brûlé des poubelles et détruit des abribus, et la police a répliqué avec des grenades de dispersion et des gaz lacrymogènes. Un adolescent de 14 ans a été grièvement blessé à l'oeil.

Des incidents de moindre ampleur avaient eu lieu la nuit suivante. Dimanche soir, alors que d'importantes forces de police étaient déployées, une tension palpable avait laissé craindre une nouvelle flambée de violences, avant un retour au calme.

Le jeune homme interpellé jeudi s'était opposé au contrôle par la police de sa femme entièrement recouverte d'un voile masquant son visage, une tenue interdite en France.

Selon la police, il a tenté d'étrangler un policier, une version contestée par son épouse qui a accusé la police de violences. Remis en liberté sous contrôle judiciaire samedi, il sera jugé en septembre.

Manuel Valls a justifié la loi interdisant le voile intégral adoptée en 2011 par la droite, et pour laquelle il avait voté alors qu'il était député de l'opposition. «Ce voile qui nie l'identité même de la femme n'a pas lieu d'être dans l'espace public», a-t-il déclaré dimanche.

Cette loi «doit s'appliquer avec discernement, avec le respect des personnes. Je ne doute pas un seul instant que c'est ce qu'ont fait ces policiers» à Trappes, a-t-il ajouté.

Les policiers sont souvent accusés par les habitants des quartiers populaires, particulièrement les jeunes, de pratiquer le «contrôle au faciès» et de leur manquer de respect.

Le ministre, également chargé des rapports du gouvernement avec les religions, qui a multiplié les visites dans les mosquées depuis le début du ramadan le 10 juillet, a aussi souligné lundi que l'on ne pouvait «confondre l'immense majorité de nos compatriotes musulmans (...) avec une minorité agissante, dangereuse, qui voudrait imposer une autre loi que celle de la République».

Aucune autre loi ne s'impose, «ni celle des voyous, ni celle des réseaux de drogue, mais encore moins celle des courants religieux quels qu'ils soient, fondamentalistes», a-t-il dit.

Le dispositif policier mis en place à Trappes après les incidents de vendredi restait conséquent lundi matin, selon des journalistes de l'AFP sur place.