Les policiers étaient sur «le qui-vive» dans la nuit de dimanche à lundi autour du commissariat de Trappes à l'ouest de Paris visé depuis vendredi par des violences, pour lesquelles quatre jeunes hommes doivent comparaître dans la journée.

En début de soirée, quelques dizaines de personnes se sont regroupées non loin du commissariat de cette ville populaire de 30 000 habitants et ont jeté un pétard en direction des forces de l'ordre.

Les CRS (police anti-émeutes) se sont aussitôt déployés et ont repoussé le groupe à l'aide d'une grenade lacrymogène. Les individus ont immédiatement quitté les lieux, où une vingtaine de fourgons restaient stationnés.

«L'ambiance est tendue, les collègues sont sur le qui-vive», a déclaré à l'AFP Maryline Bereaud, secrétaire départementale du syndicat policier Alliance. «On craint des réactions sur les communes voisines», a-t-elle ajouté.

Mais, à part quelques pétards, aucun incident notable n'avait été repertorié dans le département à 00h30, selon des sources policières.

Vendredi soir, près de 400 personnes avaient jeté des pierres, brûlé des poubelles et détruit des abris-bus aux alentours. La police avait répliqué avec des grenades de dispersion et des gaz lacrymogènes.

Un adolescent avait été grièvement blessé à l'oeil dans les affrontements et quatre policiers légèrement atteints. Six jeunes avaient alors été interpellés.

Quatre, âgés de 18 à 24 ans, ont été écroués dimanche et seront jugés lundi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Versailles pour «violences», «outrages» ou «jets de projectiles contre les forces de l'ordre».  Un a été relâché faute d'éléments contre lui et le dernier libéré sous contrôle judiciaire en attente d'un procès en septembre.

Pendant la nuit de samedi à dimanche, alors que des renforts restaient déployés, des incidents ont aussi eu lieu: une vingtaine de voitures, dont une de policiers, ont été brûlées et un automobiliste a foncé sur les forces de l'ordre qui ont réussi à l'éviter. Là encore, quatre personnes ont été arrêtées.

L'origine des violences remonte à jeudi, quand des policiers ont voulu contrôler l'identité d'une femme portant un voile intégral (niqab) sur la voie publique, ce qui est interdit en France depuis 2011. Son mari, un Français de 21 ans converti à l'islam, s'y est opposé.

Cet homme, qui a été remis en liberté sous contrôle judiciaire samedi, sera jugé en septembre. Il est accusé d'avoir agressé un policier et tenté de l'étrangler pendant le contrôle de son épouse.

Celle-ci, une Antillaise de 20 ans, a affirmé que les policiers les avaient provoqués.

«C'est inacceptable qu'une personne veuille se soustraire à un contrôle, et pire, s'en prenne aux forces de l'ordre», a commenté dimanche sur la chaîne d'information en continu BFM-TV le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

Assurant ne pas douter «un seul instant» de l'attitude correcte des policiers lors du contrôle, il a lancé un nouvel appel «au calme», en promettant que les renforts resteraient sur place aussi longtemps que nécessaire.

Plusieurs responsables de la droite et de l'extrême droite ont attribué ces incidents à la montée d'un «communautarisme» en France et ont dénoncé le «laxisme» du gouvernement.