Les sauveteurs ont achevé samedi leur mission à la gare de à Brétigny-sur-Orge où les opérations se sont poursuivies  pour soulever les voitures abîmés lors du déraillement d'un train qui a fait six morts vendredi et pour lequel  la piste d'une  défaillance matérielle reste privilégiée.

Après avoir soulevé en début de soirée la voiture la plus abîmée des quatre qui se sont couchées à la gare de Brétigny-sur-Orge, les secouristes n'ont pas découvert d'autres victimes comme cela était redouté sur ce Paris-Limoges.

«Nous sommes maintenant assurés qu'il n'y a pas de victimes supplémentaires» et le bilan «devient définitif, avec six décédés», a annoncé sur le place le préfet de l'Essonne, Michel Fuzeau.

«Il n' y a plus que 16 blessés hospitalisés ce soir», tandis que la situation des blessés les plus gravement touchés est stable, a-t-il poursuivi après le levage de la voiture grâce à une grue télescopique de 700 tonnes spécialement acheminée.

Cette catastrophe ferroviaire est la plus grave en France depuis la collision en 2008 entre un TER et un car scolaire à Allinges (Haute-Savoie), qui avait tué 7 collégiens.

Une fois les voitures abîmées enlevées, la SNCF va s'employer à remettre en état la voie et la caténaire ce qui va «durer plusieurs jours», selon M. Pepy.

«La suite des opérations, c'est la SNCF qui va reprendre le chantier d'une autre façon. On n'est plus dans le sauvetage ni dans la phase enquête. Il va s'agir pour elle (la SNCF, ndlr) de dégager la voie, au lieu de commencer par la voiture la plus au sud, elle va au contraire commencer par les voitures les plus au nord pour faire un dégagement progressif de la voie», a expliqué le préfet.

Interrogé sur le temps que prendrait la remise en l'état de la voie, il a refusé de se prononcer.  «C'est a eux de le dire, je ne me prononcerai pas là-dessus, c'est du domaine de la SNCF», a-t-il répondu.

Une source proche de l'enquête a indiqué que les six morts étaient un couple d'octogénaires, deux jeunes hommes de 20 et 23 ans originaires de l'Essonne ainsi qu'une jeune femme de 27 ans et un sexagénaire originaires du Limousin. «Il est probable que deux étaient dans le train, tandis que quatre ont été (fauchés) sur le quai», selon cette source.

Itinéraires alternatifs

En attendant que les trois enquêtes engagées livrent leurs explications,  la SNCF privilégie la thèse de la défaillance d'une pièce d'acier de dix kilogrammes dans le système d'aiguillage.

«L'éclisse», pièce métallique qui relie deux rails, «s'est désolidarisée, elle s'est détachée, elle est sortie de son logement», a déclaré Pierre Izard, directeur général des infrastructures de la SNCF. Elle «est venue se loger au centre de l'aiguillage et, à cet endroit, elle a empêché le passage normal des roues du train et aurait provoqué le déraillement».

L'aiguillage avait été contrôlé le 4 juillet, selon la SNCF. Une demi-heure avant la catastrophe, un autre train était passé et aucune anomalie n'avait été relevée. Les voitures et la locomotive du Paris-Limoges étaient «à jour de toute vérification».

La SNCF va contrôler les 5.000 pièces semblables du réseau. «Les raisons de la désolidarisation de cette éclisse du rail est l'objet même» des enquêtes judiciaires et techniques en cours, a expliqué M. Pepy.

Son ministre de tutelle, Frédéric Cuvillier, a cité l'obsolescence des infrastructures ferroviaires françaises: «Le constat est sévère avec une dégradation ces dernières années, faute de moyens consacrés aux lignes classiques.»

Les autres pistes semblent écartées, notamment celle d'une fragilisation de la structure liée à des travaux récents et celle de l'erreur humaine. Le train, transportant 385 voyageurs, roulait à 137 km/heure, sous les 150 km/h autorisés.

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a semblé écarter un acte de malveillance évoqué par le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon. «Nous n'avons pas ce sentiment», a répondu M. Valls interrogé par l'AFP.