Le président portugais a accordé mercredi son soutien à la coalition de centre droit en vue de mettre fin à la grave crise politique qui a déstabilisé le gouvernement et inquiété les partenaires européens de ce pays sous assistance financière.

«L'actuel gouvernement a toute l'autorité pour exercer ses fonctions», a dit Anibal Cavaco Silva dans une déclaration à la nation, rejetant la convocation d'élections législatives anticipées à brève échéance.

Le président a toutefois souhaité un accord entre les partis qui ont souscrit le plan de sauvetage de 78 milliards, accordé au pays en mai 2011 en échange d'un programme strict de réformes et de rigueur.

Le plan de sauvetage avait été négocié par les socialistes, au pouvoir à l'époque, et entériné par le Parti social-démocrate (PSD) du premier ministre Pedro Passos Coelho et le petit parti conservateur CDS-PP. Ces deux derniers partis avaient formé l'actuel gouvernement suite à la défaite du PS aux législatives anticipées de juin 2011.

«La récente crise politique a montré à tous que le pays a besoin d'urgence d'un accord à moyen terme entre les partis qui ont souscrit» le plan de sauvetage, a souligné M. Cavaco Silva qui a appelé à un «gouvernement de salut public» pour «éloigner le risque «d'un retour de la crise» politique.

Le président, dont le rôle est protocolaire, mais qui a le pouvoir de dissoudre le parlement, a appelé les mêmes partis «à se mettre d'accord sur un calendrier pour la réalisation d'élections anticipées (...) qui devront avoir lieu après la fin du plan d'aide en juin 2014».

Le chef de l'État s'est adressé à la nation après une série d'entretiens, qu'il a conclus mercredi en fin de matinée, avec les partis politiques et les partenaires sociaux pour les entendre sur la situation politique actuelle.

L'ensemble de l'opposition de gauche et les syndicats, critiques de la politique d'austérité menée sous la tutelle de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, ont défendu la convocation d'élections législatives anticipées.

Les représentants de la coalition majoritaire à l'Assemblée ont pour leur part fait valoir que l'accord conclu entre le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) du premier ministre et le CDS-PP, la formation démocrate-chrétienne de Paulo Portas, était la seule solution pouvant assurer la stabilité politique dont le pays a besoin pour respecter ses engagements internationaux.

Cet accord prévoit le maintien au sein de l'exécutif de M. Portas, promu au rang de vice-premier ministre responsable de la coordination économique et des relations avec la «troïka» UE-BCE-FMI qui représente les bailleurs de fonds du Portugal.

M. Passos Coelho a par ailleurs confirmé la désignation de Maria Luis Albuquerque au poste de ministre des Finances pour succéder à Vitor Gaspar, principal garant de la mise en oeuvre du plan de rigueur négocié avec les créanciers de la troïka de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).

Le choix de Mme Albuquerque a déplu à M. Portas, qui a démissionné du poste de ministre des Affaires étrangères en accusant le premier ministre de poursuivre dans la voie de la rigueur.

Les coupes budgétaires et les hausses d'impôts sans précédent ont contribué à isoler le gouvernement, critiqué y compris par le patronat, et à aggraver le mécontentement social.

Au plan économique, la cure de rigueur a provoqué une récession et une hausse du chômage plus accentuées que prévu, raison pour laquelle la «troïka» a déjà dû assouplir les objectifs budgétaires du Portugal à deux reprises.

À l'issue de cette crise, le gouvernement semble affaibli et l'incertitude des derniers jours a ravivé les craintes que le Portugal échoue à reconquérir la confiance des marchés en juin 2014 comme prévu.

«Les conditions de stabilité sont réunies», a assuré mardi le nouveau vice-premier ministre, tout en défendant l'ouverture d'un «nouveau cycle qui mette en avant l'économie, les entreprises, la création d'emploi et la concertation sociale».

M. Portas aura bientôt l'occasion de faire valoir ses arguments auprès de la «troïka», censée entamer lundi prochain un nouvel examen trimestriel du plan d'aide.