L'Albanie renouvelle dimanche son Parlement, alors que la Commission électorale n'a plus la majorité nécessaire pour valider les résultats, un scrutin qui risque fortement d'être contesté et plonger le pays dans une crise politique, situation qui va encore retarder le rapprochement européen de ce pays des Balkans.

Ces élections sont surveillées de près par Bruxelles qui a déjà, à deux reprises, refusé d'octroyer le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne à ce pays où depuis la chute du communisme en 1990 les résultats des élections ont été systématiquement contestés.

«Les dirigeants albanais ont une responsabilité commune (...) de créer les conditions pour que les résultats du scrutin soient acceptés par tous», ont averti la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton et le Commissaire à l'Élargissement Stefan Füle.

Mais la situation risque d'être bien contraire.

Suite à des différends entre le pouvoir de droite et l'opposition de gauche, trois des sept membres de la CEC ont démissionné en avril, laissant la Commission sans la majorité nécessaire de cinq voix pour proclamer les résultats du scrutin.

«J'encourage les dirigeants politiques à éviter toute action qui pourrait avoir un impact négatif à moyen et long terme sur le développement de l'Albanie, en échange de gains politiques à court terme», a dit à l'AFP le chef de la mission de l'OSCE à Tirana Eugen Wollfarth.

«Une CEC entièrement opérationnelle serait un premier pas» dans la bonne direction, a-t-il ajouté.

«En tout cas, il y a un grand risque de voir les résultats contestés, à la fois par la majorité sortante et par l'opposition» comme ce fut systématiquement le cas dans ce pays depuis la chute du communisme en 1990, a indiqué à l'AFP un  diplomate occidental ayant requis l'anonymat.

Interrogé pour savoir s'il estimait qu'en cas de contestation des résultats, la situation risquait de dégénérer en violences, il a répondu: «je le redoute fortement».

Depuis les précédentes élections législatives de juin 2009, l'Albanie est confrontée à une impasse politique sur fond de méfiance entre la droite au pouvoir et l'opposition socialiste.

L'opposition avait alors refusé de reconnaître les résultats du scrutin estimant qu'il avait été émaillé d'irrégularités.

Les principaux rivaux - une coalition de droite formée autour du premier ministre sortant Sali Berisha et une autre de l'opposition menée par le socialiste Edi Rama -, prônent unanimement l'adhésion à l'UE ainsi que le  redressement d'une économie sinistrée.

Dans ce pays de 2,8 millions d'habitants où les sondages d'opinion sont peu crédibles, les deux camps ont assuré leurs sympathisants de remporter ce scrutin où 140 députés seront élus à la proportionnelle, pour un mandat de quatre ans, parmi plus de 7.000 candidats.

Deux autres petits partis, Le nouvel esprit démocratique de l'ex-président Bamir Topi et l'Alliance rouge et noire, une formation ultranationaliste qui prône la création d'une Grande Albanie pourraient franchir la barre de 5% de voix pour entrer au Parlement.

Durant la campagne, M. Berisha, 69 ans, qui domine le paysage politique depuis plus de 20 ans, s'est employé à séduire les électeurs en promettant une augmentation de 6% des salaires et des retraites.

Le chômage touche 14% de la population, mais selon l'opposition le taux est supérieur à 40% dans les régions les plus déshéritées du nord de ce pays pauvre.

La dette de l'Albanie atteint 62% du PIB et la croissance économique en 2012 n'a été que de 1,5%.

M. Rama, 48 ans, ancien maire de Tirana, a appelé les électeurs à «tourner la page de la corruption et de la pauvreté» du régime Berisha.

Les bureaux de vote ouvrent à 5 h GMT (1 h au Québec) et fermeront à 17 h GMT (14 h au Québec). Plus de 600 observateurs étrangers vont surveiller le scrutin dont les premiers résultats non officiels devraient être communiqués lundi.