La chancelière Angela Merkel a promis mardi une aide financière de l'État allemand en se rendant dans les régions d'Allemagne les plus touchées par les inondations historiques qui ont déjà fait au moins 11 morts en Europe centrale.

L'eau continuait de monter et la vigilance restait de mise en Allemagne, en République tchèque, où la mort d'une huitième personne a été signalée mardi, ainsi qu'en Autriche (deux morts), en Suisse (un mort) et en Hongrie.

Partout, les crues ont fait d'importants dégâts matériels et des milliers de personnes ont dû être évacuées.

Portant un manteau noir et des chaussures de marche, Angela Merkel a visité mardi matin la ville bavaroise de Passau, l'une des plus touchées en Allemagne.

Située à la frontière autrichienne, au confluent du Danube, de l'Inn et de l'Ilz, Passau a vu son centre envahi par les eaux, et les habitants y sont encore privés d'eau potable, d'électricité et de réseau de téléphone fixe.

«Cela fait 48 heures que l'on n'a ni eau ni électricité. J'attends que l'État fasse quelque chose, parce que là on se sent tout simplement abandonné», a déclaré Pajrak Tarviz, un habitant de la ville, interrogé par la télévision publique allemande.

«On a rapidement besoin d'électricité. Ici, on a beaucoup de magasins, de cabinets médicaux, et sans eau et sans électricité on ne peut rien faire», renchérissait une autre riveraine, Monika Meyer.

Si la partie haute du centre-ville a été relativement épargnée, on pouvait voir que certaines maisons le long du Danube avaient été totalement englouties sous les flots, et la plupart jusqu'au deuxième étage.

À Passau, Mme Merkel a promis 100 millions d'euros d'aide «immédiate» aux régions frappées par le sinistre, tout en laissant entendre que ce montant pourrait être relevé plus tard.

La chancelière s'est ensuite rendue dans d'autres villes touchées en Saxe (est), puis en Thuringe (est), affirmant notamment que son gouvernement était «aux côtés» des gens touchés par ces inondations. Environ 4000 soldats de la Bundeswehr ont été mobilisés et ont reçu le renfort de soldats néerlandais.

À Dresde, plusieurs personnes ont dû quitter leur logement tandis que les bâtiments historiques du centre ont été protégés avec des sacs de sable. À Bitterfeld, également dans l'ex-RDA, des milliers d'habitants ont été appelés à évacuer leur domicile.

En revanche, à Prague, la vie reprenait son cours dans le centre historique, où la décrue de la Vltava, rivière qui traverse la cité, était attendue après avoir atteint son point culminant dans la matinée.

Le fonctionnement des transports publics demeurait cependant encore perturbé en raison de la fermeture de plusieurs axes de circulation importants et de l'arrêt dans le centre-ville des trois lignes du métro.

Usti-nad-Labem, ville industrielle tchèque d'environ 100 000 habitants, aussi sévèrement touchée par des inondations, se préparait de son côté à la montée de l'Elbe jusqu'à son point culminant, attendue pour mercredi.

«Les habitants d'Usti-nad-Labem sont désespérés. Un grand nombre d'entre eux sont au chômage. Leurs maisons avaient déjà été détruites lors des inondations en 2002 et maintenant tout recommence», a confié à l'AFP une habitante de la ville, Martina Hrabetova.

Plusieurs usines de produits chimiques dans la région ont par précaution suspendu leur production lundi.

En Autriche, le chancelier Werner Faymann a assuré qu'une aide financière serait apportée pour dédommager les victimes, sans donner aucun montant.

Les autorités estiment que le niveau des eaux devrait atteindre son maximum dans la nuit de mardi à mercredi dans la vallée de la Wachau, une petite centaine de kilomètres à l'ouest de Vienne.

Dans la capitale autrichienne, les niveaux atteints en 2002 pourraient être dépassés dans les prochaines 24 à 48 heures.

Dans le seul État région de la Basse-Autriche, 238 personnes ont été mises en sécurité, selon les autorités.

Les personnes évacuées lundi dans un quartier de Linz (Haute-Autriche) ont pu regagner mardi après-midi leurs habitations. Le niveau des eaux commence à baisser dans la ville.

Plus de 20 000 pompiers, policiers et secouristes étaient mobilisés dans le pays, ainsi que 800 soldats. Le groupe d'électricité Verbund a indiqué que la production des centrales hydroélectriques situées sur le Danube avait été partiellement arrêtée, ce qui a entraîné sa réduction des deux tiers.

En Hongrie, le premier ministre Viktor Orban a décrété l'état d'urgence dans certaines régions en raison de risques de crue du Danube. Il a annoncé la mobilisation de 8000 soldats ainsi que de milliers de secouristes et de policiers.

L'état d'urgence concerne notamment les régions de l'ouest, autour des villes de Györ et de Komarom, où des travaux de renforcement des digues étaient en cours, ainsi que certains quartiers de Budapest.