En récession depuis six ans, la Grèce devrait retrouver la croissance en 2014, a estimé vendredi à Athènes le président néerlandais de l'Eurogroupe, Jeroen Djisselbloem, en soulignant qu'un éventuel nouvel allègement de sa dette ne serait pas discuté avant «avril 2014».

En dépit des prévisions négatives de l'OCDE, qui table sur une poursuite de la récession grecque l'an prochain, M. Djisselbloem a discerné vendredi «les premiers signaux» d'une «reprise» en Grèce.

«Nous avons les premiers signaux d'un tournant de l'économie, d'une reprise l'année prochaine», a déclaré celui qui est aussi le ministre néerlandais des Finances, au côté de son homologue grec Yannis Stournaras, après des discussions avec le premier ministre grec Antonis Samaras.

Cet optimisme était déjà affiché par le gouvernement grec, ainsi que par la troïka des créanciers du pays (UE-BCE-FMI) qui, dans son dernier rapport sur le contrôle des comptes grecs, a émis un satisfecit sur le redressement graduel du pays.

M. Djisselbloem a toutefois noté qu'il était «crucial» de poursuivre «les réformes structurelles» demandées à la Grèce en échange du soutien financier accordé au pays, telles que privatisations ou réforme du secteur public.

Concernant la recapitalisation en cours des quatre principales banques grecques, le patron de la zone euro a dit qu'elle était «cruciale» pour la relance, car «nous avons besoin de banques saines».

Dans un communiqué, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a pour sa part assuré que la recapitalisation des principales banques du pays était en «passe d'être achevée».

La zone euro, via le Fonds de secours FESF, a d'ailleurs transféré vendredi 7,2 milliards d'euros à la Grèce, qui doivent servir à boucler la recapitalisation de ses banques, portant à 48,2 milliards le montant total reçu par Athènes pour consolider son secteur bancaire du pays, ébranlé par la crise.

Déblocage de 1,7 milliard par le FMI

Le FMI a, lui aussi, annoncé vendredi le déblocage d'un prêt de 1,7 milliard d'euros dans le cadre du plan de sauvetage du pays du printemps 2012, Mme Lagarde estimant que le pays était «en bonne voie pour achever son ambitieux plan d'ajustement budgétaire».

Les deux précédentes tranches n'avaient été versées par le Fonds en janvier qu'à l'issue de longs mois de tractations avec Athènes et les dirigeants européens sur le niveau de la dette grecque, jugé «intenable».

Lors de sa visite à Athènes, le chef de file de l'Eurozone a exclu toute discussion immédiate sur un nouvel allègement de la dette souveraine grecque.

«La dette grecque est sur la voie de la soutenabilité, nous sommes confiants, et nous nous sommes aussi engagés à des mesures supplémentaires si nécessaire» lors du sommet européen du 27 novembre, a-t-il rappelé.

«C'est une question à discuter si nécessaire en avril 2014», a-t-il ajouté, mais à la double condition, comme déjà stipulé par les partenaires de la Grèce, que le pays dégage un excédent budgétaire annuel primaire (hors intérêts de la dette) et «mette en oeuvre pleinement» le programme de redressement négocié avec ses créanciers UE et FMI.

Dans son communiqué, Mme Lagarde juge «essentiel» que les Européens respectent cet engagement de «prendre, si nécessaire, de nouvelles mesures d'assistance» pour réduire la dette.

La Grèce a effacé en mars 2012 presque un tiers de sa dette souveraine, soit plus de 100 milliards d'euros, détenus par ses créanciers privés. Athènes a ensuite en décembre 2012 racheté près de 30 milliards de ses obligations, toujours à ses créanciers privés.

Ces deux opérations ont réduit la dette à 156,9% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012, contre un pic de 170,3% en 2011. Mais en 2013 et en 2014, la dette pourrait s'envoler à 175,2% et 175% respectivement, selon les estimations de l'UE.

Les experts de la troïka sont attendus la semaine prochaine à Athènes pour poursuivre les discussions avec le gouvernement grec, sur la mise en oeuvre des réformes demandées.