L'Allemagne est toujours le pays le plus peuplé de l'Union européenne, mais elle compte 1,5 million d'habitants et sensiblement moins d'étrangers qu'estimé : tels sont les principaux enseignements du premier recensement de l'Allemagne réunifiée.

Les nouveaux chiffres, publiés vendredi par l'office des statistiques Destatis, étaient attendus en baisse, mais l'ampleur de la révision a surpris. Celle-ci aura des conséquences sur nombre d'indicateurs économiques, mais aussi sur le poids du pays dans les processus de décision européen.

La population allemande a été revue à la baisse de 1,5 million de personnes, à 80,2 millions d'habitants au 9 mai 2011, contre une précédente estimation à 81,7 millions d'habitants. L'ancien chiffre, dont la fiabilité était contestée, était calculé à partir des derniers recensements qui dataient de 1987 en Allemagne de l'Ouest et 1981 en Allemagne de l'Est.

Le nouveau recensement de 2011 ne révèle «aucune modification notable de la structure par âge» de la population, a souligné le président de Destatis, Roderich Egeler, lors d'une conférence de presse.

Avec une natalité en berne et 42% de la population âgée de plus de 50 ans, l'Allemagne devrait subir dans les prochaines décennies un déclin démographique que même une forte hausse du nombre d'immigrés ne pourra compenser. Le pays pourrait ne plus que compter qu'entre 65 et 70 millions d'habitants en 2060, selon des projections de Destatis.

«L'ordre de grandeur de la révision» nous a surpris, a reconnu M. Egeler, même si une correction à la baisse était attendue, selon lui.

Elle s'explique essentiellement par un nombre d'étrangers bien moindres que prévu. Avec un nombre de naissances nettement inférieur à celui des décès, l'immigration est pourtant le seul moteur de croissance de la démographie allemande.

L'Allemagne recense 6,2 millions d'étrangers sur son territoire, soit 7,7% de la population. C'est presque 1,1 million de personnes de moins que prévu. Le nombre de ressortissants allemands, lui, a été revu en baisse de «seulement» 428 000 personnes.

Cela pourrait s'expliquer par le fait que les étrangers quittant le territoire pourraient être moins enclins à déclarer leur départ dans les registres tenus par les mairies, selon Sabine Bechtold, chef du département Population de Destatis.

Les autorités allemandes s'appuyaient jusqu'à présent sur des registres tenus dans les mairies pour mettre à jour les données démographiques. Mais, avec le temps, cette méthode donnait une évaluation de plus en plus imprécise, en raison de doubles comptages liés aux résidences secondaires et de doute sur les déclarations de résidence faites aux autorités.

Ces données auront des conséquences importantes pour nombre d'indicateurs prenant en compte la population, comme le PIB par habitant ou le taux de chômage. «Tous les indicateurs (sous forme de ratio par habitant) vont être touchés», a souligné Mme Bechtold, en ajoutant qu'ils seraient prochainement recalculés par Destatis.

Les nouveaux chiffres devraient réduire le poids de l'Allemagne dans les institutions européennes. Au sein du conseil des ministres de l'Union européenne, les décisions, selon le principe de la «majorité qualifiée», doivent être approuvées par au moins 55% des États membres, représentant au moins 65% de la population européenne.

Avec moins d'habitants, l'Allemagne pourrait aussi perdre des sièges au Parlement européen.

Pour le recensement de 2011, considéré par Destatis comme «le plus grand projet de la statistique publique allemande depuis des décennies», un échantillon d'environ 10% de la population a été directement interrogé par des agents. Les propriétaires immobiliers ont été interrogés sur l'occupation des logements. Ces données ont été complétées et recoupées avec de nombreux fichiers existants.

M. Egeler a affirmé que les chiffres publiés vendredi étaient désormais fiables. «Les chiffres sont d'une très grande qualité (...) sinon nous ne les aurions pas publiés», a-t-il dit, évoquant des tests ayant démontré leur pertinence.