Le Parlement moldave a approuvé vendredi la nomination d'un nouveau gouvernement mené par un diplomate de carrière, Iurie Leanca, pour mettre fin à la crise politique dans cette ancienne république soviétique roumanophone qui veut se tourner vers l'UE.

M. Leanca, 49 ans, occupait depuis 2009 les fonctions de vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de l'intégration européenne.

Cinquante-sept des 101 députés ont voté pour sa nomination au poste de premier ministre, soutenue par une nouvelle coalition libérale pro-européenne, dans un vote boycotté par l'opposition communiste.

Le vote est intervenu au petit matin après que le président Nicolae Timofti eut pressé les députés de «joindre leurs forces, laisser de côté leurs ambitions personnelles et former un gouvernement qui permette à la Moldavie de surmonter la crise et de poursuivre sur la voie de l'intégration européenne».

Le nouveau gouvernement comprend cinq nouveaux ministres, les autres restant inchangés.

La précédente coalition au pouvoir avait éclaté en mars après un vote de défiance au Parlement, et le limogeage du gouvernement du premier ministre Vlad Filat, suscités par une série de scandales de corruption impliquant des hauts responsables.

Des analystes moldaves avaient estimé que la démission du gouvernement avait été orchestrée par des forces hostiles à l'intégration dans l'Union européenne.

La Moldavie, ex-république soviétique de 4 millions d'habitants espère signer un accord d'association et un accord simplifiant le régime de visas avec Bruxelles lors d'un sommet du Partenariat oriental réunissant l'UE et six pays de l'ex-URSS à Vilnius en novembre.

«Je suis certain que nous n'avons pas d'autre voie. La Moldavie doit entrer dans la famille des peuples européens», a déclaré le président Timofti vendredi aux députés.

L'ex-république soviétique est voisine de la Roumanie et donc située aux frontières de l'Union européenne.

La Roumanie a d'ailleurs salué vendredi la formation du nouveau gouvernement pro-européen.

Bucarest «constate avec satisfaction que l'investiture du nouveau gouvernement sur la base d'un programme ambitieux de réformes reconfirme le choix pro-européen de la Moldavie», a déclaré le ministre des Affaires étrangères roumain Titus Corlatean dans un communiqué.

Le nouveau premier ministre a présenté vendredi un programme visant notamment à «instaurer les principes européens dans les domaines de la démocratie et de l'État de droit», à libéraliser l'économie et à y attirer des investisseurs.

Le pays a été plongé pendant presque trois ans dans une grave crise politique, jusqu'à l'élection en mars 2012 par le parlement de M. Timofti, un juge inconnu du grand public.

La crise avait éclaté en avril 2009, lorsque les communistes, au pouvoir depuis huit ans, avaient remporté les législatives dans des conditions controversées. Le scrutin avait été suivi d'une révolte et avait culminé avec le saccage du parlement et de la présidence.

Malgré trois élections législatives (avril 2009, juillet 2009, novembre 2010), la présidence moldave n'avait pas été pourvue pendant près de trois ans, ni les communistes, ni les pro-occidentaux ne disposant d'une majorité suffisante.

État à majorité roumanophone, la Moldavie a néanmoins une partie orientale dominée par les minorités russe et ukrainienne, la Transdniestrie. Celle-ci avait fait sécession avec le soutien de Moscou à l'issue d'une guerre en 1992, après la chute de l'URSS l'année précédente.

Cette région, dont l'indépendance n'a été reconnue par aucun pays, contrôle l'essentiel de l'industrie héritée de l'Union soviétique, si bien que la Moldavie vit surtout des revenus de son agriculture et des fonds envoyés par les quelque 600 000 émigrés moldaves, selon l'Organisation internationale des migrations.

Dans l'indice de développement humain de l'ONU 2011, la Moldavie était classée au 111e rang mondial (sur 187) derrière des pays comme la Mongolie ou le Gabon.