Moscou se met le 1er juin aux vélos en libre-service, un vrai défi pour cette ville de 12 millions d'habitants, presque dépourvue de pistes cyclables, connue pour ses embouteillages monstres et ses nombreux accidents mortels.

L'opération velobike commencera modestement samedi, avec 1000 vélos répartis en une cinquantaine de points dans le centre de la capitale.

«Cela nous donne l'espoir que la civilisation arrive dans notre ville», s'est félicité Sergueï Iakobson, qui anime un site web militant pour la circulation à vélo.

«Si 15% des automobilistes utilisent ce système cet été, on respirera plus facilement à Moscou», a espéré le président de la Fédération des propriétaires d'automobiles de Russie, Serguei Kanaev.

Sur le boulevard Tverskoï, au centre-ville, à la veille du lancement de l'opération, les vélos rouge vif déjà installés attiraient l'attention.

«L'idée est super, notamment la première demi-heure gratuite et la deuxième à 30 roubles (un dollar). Mais la ville n'est pas faite pour les vélos. Ça va être dangereux dès qu'on sortira des petites rues tranquilles et qu'on sera dans les embouteillages», estime Aliona, 22 ans, étudiante en médecine.

Deux accidents spectaculaires à Moscou ces derniers jours sont venus rappeler que la Russie est l'un des pires pays au monde pour la sécurité routière, avec près de 28 000 morts en 2012.

Mardi dernier, un automobiliste ivre et sans permis a renversé trois cyclistes à Moscou, tuant l'un d'entre eux sur le coup.

Quelques jours auparavant, un conducteur avait posté sur YouTube une vidéo le montrant à 190 km/h en plein Moscou, juste avant de percuter une dizaine de voitures.

Autre problème, la capitale russe manque cruellement de pistes cyclables.

La mairie de Moscou a annoncé qu'elle allait développer les pistes cyclables pour que leur longueur totale atteigne 131 km fin 2013, un chiffre bien modeste comparé à d'autres capitales.

New York, qui a lancé fin mai son programme de vélos en libre-service, dispose de plus de 1100 km de pistes cyclables, Stockholm de 760 km, Berlin de 620 km et Paris de 440 km.

Le maire de Moscou Sergueï Sobianine avait estimé en octobre dernier que pour développer le transport en vélo dans la capitale, la priorité n'était pas de construire des pistes cyclables, mais d'augmenter le nombre de stationnements à vélo et de magasins de location.

«On manque de pistes cyclables à Moscou. Si l'opération vélos en libre-service marche, ce sera dans les quartiers excentrés. Au centre, c'est bourré de voitures et il n'y a pas une seule piste cyclable», a regretté une spécialiste de l'Institut de la construction à Moscou, Zinaïda Azarenkova, interrogée par l'AFP.

Les premières stations de vélos en libre-service se trouvent actuellement pour l'essentiel sur la «ceinture des boulevards», où les voies de circulation sont séparées par un parc avec sentiers pour piétons, un terrain où les cyclistes peuvent circuler sans danger.

L'opération velobike à Moscou devrait s'interrompre fin octobre, mais «s'il y a une demande, nous poursuivrons pendant la période hivernale», a déclaré le vice-maire de Moscou chargé des transports, Maksim Liskoutov.

Les amateurs de vélos en hiver sont rarissimes à Moscou, alors que les températures peuvent descendre jusqu'à -30 degrés Celsius, avec de fortes chutes de neige et une chaussée verglacée difficilement praticable même en voiture.

Début juillet, le nombre de stations de vélos en libre-service devrait passer à 120, avec quelque 1700 vélos disponibles.

Moscou va ainsi rejoindre le groupe des grandes villes ayant développé ce mode de transport, comme Paris, Londres, Barcelone, Washington, Mexico, Hangzhou (Chine), Berlin et Tel-Aviv.