Les Français vivant en Amérique du Nord ont été bien peu nombreux à se présenter aux urnes, samedi dernier, pour choisir un député qui les représentera à l'Assemblée nationale de l'Hexagone. Néanmoins, ils seront de nouveau invités à voter le 8 juin.

Les résultats provisoires de l'élection partielle publiés par les autorités françaises font état d'un taux d'absentéisme de 86% au premier tour. Des 151 770 personnes inscrites sur la liste électorale, seulement 20 436 se sont présentées aux urnes ou ont enregistré leur voix par courriel ou par courrier.

L'an dernier, lors de la première élection d'un député représentant les Français de l'étranger, le taux d'absentéisme avait frôlé les 80%.

Nathalie Simon-Clerc, journaliste au webmagazine franco-québécois L'Outarde libérée, qui a couvert la campagne électorale du début à la fin, n'est pas surprise par ce faible taux de participation.

«Dans les citoyens français inscrits dans les consulats, plusieurs sont québécois et ne se sentent pas concernés. D'autres sont des Français qui disent qu'ils sont partis de la France et, du coup, ne sont pas intéressés. Il y a aussi pas mal de gens qui préfèrent faire autre chose qu'aller voter», note la journaliste.

À Montréal, ajoute-t-elle, le changement d'adresse du bureau de vote n'a pas beaucoup aidé la cause. Aux États-Unis, le vote tombait au milieu du long week-end du Memorial Day.

«Une chose est certaine. Ceux qui critiquent la création de postes de députés pour représenter les Français de l'étranger ne manqueront pas de noter le faible taux de participation», souligne la journaliste.

Vers le deuxième tour

Malgré l'absentéisme record, deux candidats se sont démarqués lors du premier tour. L'ancien ministre de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) Frédéric Lefebvre est arrivé en tête en récoltant 5863 voix, soit 29,15% du vote.

Au deuxième tour du 8 juin, il affrontera le candidat du Parti socialiste, Franck Scemama, qui a récolté 5024 voix, soit 25% du suffrage.

«Ce sera une lutte serrée», prédit Nathalie Simon-Clerc. Elle note que Frédéric Lefebvre semble avoir appris de ses erreurs de l'an dernier. En juin 2012, le politicien, proche de Nicolas Sarkozy, a été défait par la candidate socialiste Corinne Narassiguin. «M. Lefebvre a compris ce qu'est une campagne à l'étranger. Il a beaucoup utilisé Twitter et a donné l'impression qu'il a parcouru les Amériques», note la journaliste. Au deuxième tour, il tentera de recueillir les votes accordés aux autres candidats de la droite et du centre.

De son côté, Franck Scemama misera sur son expérience en Amérique du Nord - il a vécu à Montréal pendant plus de six ans - pour tenter de regagner le siège de Mme Narassiguin, dont l'élection a été invalidée en février dernier par le Conseil constitutionnel.

«En général, l'électoral français en Amérique du Nord vote plutôt à droite, sauf à Montréal, où la gauche a la cote», note Mme Simon-Clerc, qui compte couvrir le duel UMP-PS jusqu'à la fin.