La justice russe a rejeté jeudi la demande de libération anticipée de Maria Alekhina, une des deux jeunes femmes emprisonnées du groupe contestataire Pussy Riot qui a entamé la veille une grève de la faim.

Cette femme de 24 ans, mère d'un enfant en bas âge, avait reçu le soutien de vedettes comme les chanteurs Paul McCartney et Peter Gabriel.

«La demande de libération anticipée d'Alekhina est rejetée», a statué le tribunal de Berezniki, dans l'Oural, selon les agences de presse russes.

Le tribunal a suivi l'avis du Parquet et de l'administration du camp où Maria Alekhina purge sa peine de deux ans.

Une responsable de la prison a critiqué au cours de l'audience jeudi son «manque d'initiative dans les tâches ménagères», ajoutant qu'elle ne s'était pas repentie de ce qu'elle avait fait.

L'avocate de la jeune femme, Irina Khrounova, a aussitôt indiqué qu'elle ferait appel de cette décision de justice «illégale et infondée», selon elle.

La mère d'Alekhina a dénoncé un jugement «décidé à l'avance».

«Il est clair que le tribunal ne s'est pas intéressé au caractère de la condamnée, parce que la décision a sans doute été décidée à l'avance», a-t-elle dit à Radio Svoboda.

Les débats, qui avaient débuté mercredi, avaient été ajournés jusqu'à jeudi après que la jeune femme eut annoncé qu'elle entamait une grève de la faim pour protester contre une décision de justice lui interdisant d'être présente à l'audience.

Elle avait interdit à ses avocats de participer aux débats, tant qu'elle ne serait pas au tribunal.

Un avocat a alors été commis d'office par le juge.

La jeune femme a décidé de poursuivre sa grève de la faim, a dit son avocate qui a indiqué l'avoir vue après la lecture du jugement.

«Ma conviction personnelle est que laisser Maria en prison est dangereux pour elle et pour la situation en général, qui est suivie évidemment dans le monde entier», a écrit Paul McCartney dans une lettre manuscrite envoyée à des «responsables russes», selon son site internet.

Fin avril, Nadejda Tolokonnikova, l'autre membre des Pussy Riot toujours emprisonnée, s'était déjà vu rejeter une demande de libération anticipée.

Un tribunal de Mordovie, une région située à 640 kilomètres à l'est de Moscou, où elle purge sa peine, avait relevé là aussi que Nadejda Tolokonnikova ne s'était pas repentie et qu'elle avait fait l'objet de réprimandes pendant sa détention.

Les jeunes femmes avaient été arrêtées en février 2012 après avoir chanté une «prière punk» dans la cathédrale de Moscou, demandant à la Sainte-Vierge de «chasser Poutine».

Les images de cette scène avaient été diffusées sur l'Internet.

Les jeunes femmes avaient indiqué vouloir dénoncer la collusion entre l'Église orthodoxe et le pouvoir politique, en pleine contestation politique avant la présidentielle de mars qui a ramené Vladimir Poutine au Kremlin.

En août dernier, elles avaient été condamnées à deux ans de camp pour «hooliganisme» et «incitation à la haine religieuse». Une troisième jeune femme, également arrêtée et condamnée, Ekaterina Samoutsevitch, a été remise en liberté conditionnelle en octobre.

L'été dernier, la vedette de la pop américaine Madonna avait apporté son soutien aux membres des Pussy Riot pendant des concerts à Moscou et Saint-Pétersbourg.

Les jeunes femmes ont obtenu le soutien d'autres artistes comme Yoko Ono, et un documentaire sur leur procès a remporté un prix spécial du jury au festival du film indépendant américain Sundance.

L'affaire des Pussy Riot a profondément divisé la société en Russie, mais, selon les sondages, la majorité des Russes jugent fondée la condamnation des jeunes femmes à deux ans de détention.