Quatre personnes ont été tuées lundi au Daguestan dans un double attentat à la voiture piégée, illustrant l'instabilité dans cette république du Caucase russe proche de la Tchétchénie, en proie à une rébellion armée.

Par ailleurs, les services spéciaux russes (FSB) ont affirmé lundi avoir déjoué un attentat que préparaient à Moscou trois rebelles, des citoyens russes entraînés en Afghanistan et au Pakistan.

«Quatre personnes ont été tuées et 35 sont hospitalisées» après l'attentat perpétré près du siège du service des huissiers de justice à Makhatchkala, la capitale du Daguestan, a indiqué la branche locale du ministère de la Santé.

Un précédent bilan du ministère de l'Intérieur faisait état de trois morts et 44 blessés, dont un enfant.

Une enquête pour «terrorisme» a été ouverte et des enquêteurs de Moscou dépêchés au Daguestan, a indiqué le porte-parole du comité d'enquête Vladimir Markine, cité par l'agence Interfax.

Des flaques de sang et des fragments de voitures étaient visibles à 200 mètres de l'explosion survenue dans une rue animée de la capitale daguestanaise, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des lignes à haute tension ont également été endommagées.

Deux voitures ont explosé à quelques minutes d'intervalles.

«Une première voiture a explosé sans faire de victimes. Quelques minutes plus tard, lorsque des policiers sont arrivés sur les lieux, une deuxième explosion a retenti, faisant des victimes», selon le comité d'enquête.

La deuxième explosion, équivalente à 40-50 kg TNT, était plus puissante que la première.

Selon la police, un huissier de justice et deux policiers figurent parmi les morts.

La tactique du double attentat faisant des victimes parmi les représentants des forces de l'ordre est souvent utilisée par les rebelles dans le Caucase russe.

Les engins explosifs ont été activés à distance.

Le Daguestan est la cible régulière d'attaques revendiquées par la rébellion islamiste qui s'est étendue depuis la Tchétchénie à tout le Caucase du Nord. C'est la région la plus touchée par ces violences et les attaques y sont quasi quotidiennes.

C'est là que vivent les parents des frères Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, soupçonnés des deux attentats de Boston qui ont fait trois morts et plus de 200 blessés le 15 avril. L'un des frères a été tué et l'autre arrêté aux États-Unis.

Après les attentats, une délégation américaine s'était rendue à Makhatchkala pour rencontrer les parents des frères et enquêter sur leur lien avec la rébellion.

«Ces explosions illustrent encore une fois à quel point la situation est instable dans le Caucase. On peut parler de la guérilla dont le Daguestan est l'épicentre», estime l'analyste indépendant Pavel Felgenhauer.

«La rébellion est très bien organisée dans le Caucase et elle est particulièrement forte au Daguestan. Elle mène une guerre civile aux forces de l'ordre», a-t-il ajouté.

Les rebelles bénéficient d'un fort soutien parmi la population locale qui se venge ainsi contre la cruauté et la corruption des forces de l'ordre, ajoute cet expert.

Dans la tentative d'attentat déjouée à Moscou, le comité national antiterroriste a indiqué que les suspects étaient «des criminels, des citoyens russes venus d'Afghanistan et du Pakistan où ils ont été entraînés et se préparaient à commettre un attentat», sans préciser quel genre d'attaque.

Ils ont été repérés dans une maison de la ville d'Orekhovo-Zouïevo, dans la région de Moscou, et ont ouvert le feu après que les représentants des forces spéciales les ont sommés de se rendre.

«Lors d'un bref affrontement, deux d'entre eux ont été anéantis et un arrêté. Un représentant des forces spéciales a été légèrement blessé», selon le comité national antiterroriste.

Moscou a été à plusieurs reprises depuis 1999 le théâtre d'attentats meurtriers.

Les derniers en date sont celui qui a frappé l'aéroport Domodedovo de Moscou en janvier 2011 (37 morts) et le double attentat dans le métro de Moscou en 2010 (40 morts).