L'ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi ne provoquera pas de crise politique même s'il est condamné le mois prochain par la justice dans le scandale «Rubygate», a assuré mercredi à Rome son avocat, Niccolo Ghedini.

Le gouvernement de grande coalition formé le mois dernier en Italie est dirigé par Enrico Letta, du Parti démocrate (PD, centre gauche) mais comprend des ministres du parti de Berlusconi, le Peuple de la liberté (PDL).

«Même s'il est condamné, Berlusconi n'a pas intérêt à provoquer une crise, car il a contribué à créer le gouvernement et veut la stabilité», a déclaré le défenseur du Cavaliere dans une conférence de presse.

Il a accusé les ennemis politiques de M. Berlusconi de vouloir «se débarrasser» de la présence du milliardaire et magnat de l'audiovisuel, parce qu'ils ne peuvent le battre par la voie des urnes.

«Il ressuscite toujours», a remarqué l'avocat.

Me Ghedini a repris les accusations du Cavaliere sur un processus judiciaire partial qu'il subirait depuis des décennies, en relevant que, malgré toutes les tentatives, Berlusconi «ne s'était jamais vu infliger une seule peine définitive».

«Une condamnation en première instance en Italie ne devrait pas être considérée comme un jugement définitif tant moralement que politiquement, car elle peut toujours être annulée en appel», a-t-il fait valoir.

Silvio Berlusconi «a une vie privée, et aussi longtemps que cette vie privée n'a pas une influence sur la sphère publique, elle devrait être traitée avec beaucoup de prudence», a plaidé l'avocat.

Le Parquet de Milan a requis lundi une peine de six ans de prison contre Silvio Berlusconi et une interdiction à vie d'exercer toute fonction publique dans le procès Ruby, où il est accusé d'abus de pouvoir et prostitution de mineure.

Les ennuis judiciaires de M. Berlusconi -condamné par ailleurs la semaine dernière en appel à un an de prison (en fait quatre ans dont trois s'étant soldés par une amnistie) pour fraude fiscale dans le procès Mediaset- ont provoqué des remous dans le gouvernement Letta, le premier à unir gauche et droite depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au cours d'une retraite organisée en Toscane pour renforcer la cohésion du gouvernement, M. Letta avait jugé «inacceptable» la participation de certains de ses ministres à une manifestation samedi dernier à Brescia pour soutenir M. Berlusconi et dénoncer une magistrature «politisée».