Le patriarche copte orthodoxe d'Alexandrie Tawadros II rencontrera le pape François vendredi au Vatican, première visite d'un patriarche de la principale Église non catholique du Moyen-Orient depuis 1973.

Elle est le point culminant d'un voyage en Europe, au cours duquel Tawadros doit visiter plusieurs paroisses coptes.

Il s'agit du premier déplacement à l'étranger du patriarche depuis son élection, en novembre 2012, alors que la minorité copte d'Égypte -6 à 10 % de la population- est confrontée à la montée de l'islamisme et que certains choisissent la voie de l'émigration.

Tawadros, qui séjournera à Rome du 9 au 12 mai, se rendra dans plusieurs ministères du Vatican (Églises orientales, unité des chrétiens). Outre une audience et une prière commune avec le pape François, il visitera les tombes des apôtres Pierre et Paul et rencontrera des fidèles de la communauté copte résidant à Rome.

La visite représente un nouveau pas en matière d'oecuménisme, alors que le patriarche de Constantinople, Bartholomée, plus prestigieux des patriarches orthodoxes avait assisté en mars à la messe d'installation d'un pape. Une première depuis le schisme de 1054 entre Église d'Orient et Église d'Occident.

Dans un mot très chaleureux, le pape avait alors salué en lui la présence de l'apôtre «André», l'un des douze apôtres de Jésus, dont se réclament les orthodoxes.

Dans un autre signe de rapprochement entre orthodoxes et catholiques, la veille de l'élection de François, Tawadros II avait assisté au Caire à la messe d'intronisation du nouveau patriarche de la petite communauté copte catholique, Mgr Ibrahim Sidrak.

En 1973, le pape Chenouda III, prédécesseur de Tawadros, avait rencontré le pape Paul VI au Vatican. Le pape Jean Paul II s'était quant à lui rendu au Caire en l'an 2000.

Tawadros devait participer jeudi à une cérémonie pour commémorer la signature par Chenouda et Paul VI d'une importante déclaration commune sur le Christ en 1973.

Cette visite s'inscrit dans un climat d'inquiétude en raison de la montée de l'islamisme dans tout le Moyen-Orient, et notamment en Égypte.

Tawadros avait vivement critiqué le mois dernier le président islamiste Mohamed Morsi, l'accusant de «négligence» au moment d'affrontements devant la cathédrale Saint-Marc, la plus grave crise interconfessionnelle depuis son arrivée au pouvoir en juin.

Le chef de la plus grande Église chrétienne du Moyen-Orient avait estimé que ces tensions entre communautés religieuses avaient désormais atteint un «niveau de chaos».

M. Morsi avait ensuite appelé le patriarche pour condamner ces violences, sans pour autant convaincre le chef de l'Église copte.

Les affrontements sont fréquents entre chrétiens et musulmans en Égypte. Depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011, une cinquantaine de chrétiens et plusieurs musulmans ont été tués dans des heurts entre communautés religieuses.

L'Église copte a déjà pris des positions très critiques contre le pouvoir de M. Morsi, notamment à l'occasion de l'adoption d'une nouvelle Constitution accusée de faire la part belle aux vues des islamistes.