Le président François Hollande a pour la première fois clairement évoqué mardi l'hypothèse d'un remaniement gouvernemental, qu'il écartait jusqu'à présent, à un moment où, un an après son arrivée au pouvoir, il bat des records d'impopularité sur fond de crise économique et sociale en France.

Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Paris-Match, le chef de l'État a lui-même alimenté la machine à rumeurs qui tournait déjà à plein régime. «Le remaniement viendra en son temps», a-t-il déclaré.

Interrogé au détour d'une conférence de presse à l'Élysée en compagnie du président polonais Bronislaw Komorowski, François Hollande a tenté d'éteindre les braises attisées par ses propres déclarations, répondant avec un sourire de dénégation à cette question, «Pour l'instant, sans actualité».

Sans actualité, mais pas écartée, donc, quand il prend soin de préciser dans les colonnes de Paris Match que «personne n'est protégé dans le gouvernement» et que «personne n'a d'immunité», y compris le remuant ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.

Début avril, M. Hollande avait exclu tout changement parmi ses 38 ministres lorsque l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac avait avoué détenir un compte en Suisse. «C'est un homme qui a failli, alors pour ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement, il n'y a de ce point de vue pas de décision à prendre», avait-il alors dit.

«Un jour, des choix et aménagements auront à être faits. Mais j'ai besoin de tous», déclare aujourd'hui le chef de l'État à l'hebdomadaire à paraître mercredi.

«Travail collectif»

D'après Paris Match, le seul ministre que M. Hollande félicite nommément est celui de l'Intérieur. «Manuel Valls fait du bon travail. Reconnu comme tel par l'opinion publique».

François Hollande se serait aussi récemment interrogé, devant des visiteurs, sur l'emprise réelle de Pierre Moscovici sur le ministère de l'Économie.

Selon la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, François Hollande «aura l'occasion très prochainement» de s'exprimer sur la question du remaniement, pendant la conférence de presse semestrielle qu'il donnera le 16 mai.

Et d'ajouter, dans une apparente mise en garde aux nombreux ministres coupables de crime de lèse-solidarité gouvernementale ces derniers mois : «La question que les membres du gouvernement doivent se poser sans cesse est celle de leur contribution à un travail collectif».

Sur fond de chômage record (10,6%) et de croissance en panne, plusieurs personnalités de la majorité ont plaidé pour une équipe gouvernementale resserrée, à un moment où le gouvernement est attaqué sur sa droite, mais aussi sur sa gauche, par le tribun Jean-Luc Mélenchon, qui a réuni des dizaines de milliers de personnes dimanche à Paris, critiquant les «promesses trahies» des socialistes au pouvoir et réclamant que «ça change vraiment».

L'impopularité de François Hollande atteint aussi des niveaux records. En mai, sa cote a reculé d'un point à 25% à cause de la désaffection des sympathisants de gauche, selon le baromètre mensuel Ipsos-Le Point publié lundi.

Un nouveau gouvernement dirigé par Jean-Marc Ayrault pourrait ainsi incarner «l'an II» de la présidence Hollande, dont le coup d'envoi a été donné lundi sous la forme d'un «séminaire» de travail «studieux» des membres du gouvernement réunis par François Hollande à l'Élysée.

Priés d'accélérer le tempo des réformes, les ministres sont prévenus : «Aujourd'hui, ce sont des résultats que les Français attendent», a dit le président à Paris Match, ajoutant : «cette équipe doit en produire sur le chômage, le logement, la consommation, l'éducation, la place de la France dans le monde».