Un an jour pour jour après son élection, François Hollande a inauguré lundi, devant un «séminaire» du gouvernement à l'Élysée, «l'an II» de son quinquennat avec deux priorités, accélérer le rythme des réformes et produire les premiers «résultats» concrets sur le front du chômage, mais sans annonce majeure.

«Un an c'est court, mais quatre ans, ce n'est pas long, voilà l'enjeu!» a lancé le chef de l'État devant 34 des 37 membres de l'équipe de Jean-Marc Ayrault réunis dans le Jardin d'hiver du palais présidentiel, avant de partager un «déjeuner de travail».

Le gouvernement doit «maîtriser» le temps, ce qui ne signifie «pas le retenir» mais au contraire «l'accélérer», a-t-il insisté.

Pour François Hollande, «l'année qui vient doit être celle des résultats», «sur le chômage, sur le logement, sur l'école, mais aussi le retour de la croissance, sur la maîtrise de la dépense et donc sur le niveau des prélèvements».

Usant volontiers d'un vocabulaire martial, il a fait de la «bataille pour l'emploi» la mère de toutes les batailles. Au gouvernement, instamment prié de passer «à l'offensive», il a fixé deux autres objectifs, la jeunesse et la «préparation de l'avenir». Le Premier ministre présentera ainsi «dans les prochaines semaines» un «plan d'investissement pour les 10 ans qui viennent».

Ce plan associant des fonds «publics et privés» sera a priori annoncé «avant l'été», selon la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, et comportera quelques «précisions» sur la «transition énergétique» ou la santé, avec un «grand plan hôpital», mais la plupart des mesures sont déjà sur la table, comme sur le numérique ou les grandes infrastructures.

À des fins d'investissement, le gouvernement envisage de réduire la participation de l'État dans le capital de certaines entreprises publiques, avait déclaré dimanche Jean-Marc Ayrault. Récemment des parts ont été cédées dans les sociétés Safran et EADS.

Devant les ministres, le chef de l'État a dit avoir trouvé l'an dernier un pays «rongé par les déficits, alourdi par la dette, affaibli par la perte de compétitivité, mais surtout hanté par l'augmentation continue du chômage depuis cinq ans».

Il a rappelé les «quatre choix majeurs» de sa première année au pouvoir: «sérieux budgétaire», «pacte de compétitivité», «maîtrise de la finance» via la création de la Banque publique d'investissement (BPI) et la réforme bancaire, ainsi que la «réforme du marché du travail».

Après cette phase de «redressement» pendant laquelle «des réformes difficiles mais indispensables» ont été conduites, François Hollande entend entamer dès que possible une «phase de dépassement, pour permettre de changer de modèle, et, de vivre mieux».

Outre le plan décennal d'investissement, le chef de l'État a évoqué plusieurs réformes, dont celle de la formation professionnelle et celle des retraites. La réforme des retraites sera débattue au Parlement «à l'automne 2013», a dit M. Ayrault, précisant aussi que les nouvelles mesures sur les allocations familiales seraient annoncées «d'ici un mois».

Dans un contexte de chômage record et de crise économique, l'exécutif s'est gardé d'une quelconque célébration de ce premier anniversaire. Les ministres ont quitté l'Élysée groupés, sans doute pour signifier une cohésion gouvernementale encore mise à mal la semaine dernière par une anicroche entre Pierre Moscovici (Économie) et Arnaud Montebourg (Redressement productif) autour du dossier Dailymotion, laissant à Najat Vallaud-Belkacem, seule, le soin de s'exprimer.

Toujours malmenés dans les sondages, François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont confrontés à un feu roulant de critiques sur leur gauche comme sur leur droite, mais aussi au désamour des Français.

Plus des trois quarts (76%) d'entre eux jugent le bilan de l'action du chef de l'État plutôt négatif un an après son élection, selon un sondage TNS Sofres pour iTÉLÉ publié lundi. Selon le baromètre mensuel Ipsos-Le Point, M. Ayrault, avec 24% d'avis favorables en mai (-4 points par rapport à avril), «frôle le record d'impopularité mesuré pour un Premier ministre», depuis 1996.

Au lendemain de la grosse manifestation parisienne du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, s'en est une nouvelle pris à la politique économique et sociale du gouvernement.

Au Premier ministre, qui avait assuré dimanche soir ne pas conduire de politique d'austérité, l'ancien candidat à la présidentielle a rétorqué que «petit à petit, la nation se vide de son sang».

À droite, l'ex-Premier ministre François Fillon a dénoncé un triple «échec» économique, politique et moral du quinquennat. En rassemblement politique à Nîmes, Jean-François Copé a utilisé le même terme: «l'échec. Échec complet. Échec profond. Échec cuisant».

Marine Le Pen, la présidente du Front national, a elle qualifié François Hollande d'«incolore, inodore et sans saveur» et son bilan de «catastrophique».