Un homme d'affaires millionnaire britannique a été condamné à dix ans de prison jeudi à Londres pour avoir vendu de faux détecteurs d'explosifs notamment à l'ONU et en Irak, une escroquerie qui s'est probablement traduite par la mort d'innocents selon le juge.

«En vendant autant d'appareils inutiles pour un bénéfice énorme, vous avez créé un faux sentiment de sécurité et, selon toute probabilité, vous avez sensiblement contribué à tuer et blesser des innocents», a déclaré le juge Richard Hone en s'adressant à James McCormick, 57 ans, au tribunal de Old Bailey.

«Vos profits étaient obscènes. Vous n'avez ni honte ni remords», a-t-il asséné, en référence aux quelque 79 millions de dollars que l'arnaque a rapportés à l'homme d'affaires.

James McCormick avait été reconnu coupable la semaine dernière d'avoir vendu de faux détecteurs à l'armée irakienne pour un contrat de près de 58 millions de dollars, à la Belgique, au Niger, à la Géorgie, à l'ONU pour les Casques bleus au Liban.

Ces «détecteurs» étaient en fait basés sur la technologie utilisée pour des appareils destinés à retrouver des balles de golf et commercialisés pour moins de 20 $ aux États-Unis. James McCormick vendait lui ces produits jusqu'à 27 000 livres (42 000 $) l'unité.

Selon le procureur Richard Whittam, James McCormick prétendait que ses «détecteurs» avaient la capacité de déceler des substances explosives à distance : à 1 km sous terre, jusqu'à cinq kilomètres dans les airs, et 31 mètres sous l'eau.

D'anciens officiers britanniques, cités par le procureur, ont estimé que des personnes avaient été tuées à cause de ces faux détecteurs. Mais l'avocat de la défense, Jonathan Laidlaw, a affirmé qu'il n'y avait pas de preuve que son client ait du sang sur les mains.

«Il est évident que des civils et des militaires ont été mis en danger en faisant confiance à cet équipement», a cependant estimé un inspecteur de la police britannique, Ed Heath. «M. McCormick a montré un mépris total pour la sécurité de ceux qui utilisaient et faisaient confiance à ces appareils pour leur sécurité», a-t-il ajouté.

Lors de son procès, James McCormick a expliqué avoir aussi vendu ses faux détecteurs à la police kényane, à des services pénitentiaires à Hong Kong, à l'armée égyptienne et à la police des frontières en Thaïlande.

L'un d'eux a également été utilisé pour passer au crible un hôtel en Roumanie avant la visite d'un président américain dans les années 90, a-t-il précisé. «Je n'ai jamais eu de retour négatif», a-t-il affirmé.