La Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'Ukraine pour la détention de l'ancienne première ministre Ioulia Timochenko. Quel impact aura cette décision?

Orange

Ioulia Timochenko est devenue l'égérie de la «révolution orange» de 2004 en appuyant Viktor Iouchtchenko dans la contestation des résultats des élections. Après des semaines de manifestations, Iouchtchenko est élu président par un nouveau scrutin. Il nomme Timochenko au poste de première ministre, en 2005. Rapidement limogée, elle reprend son poste de 2007 à 2010.

Rivalité

Viktor Ianoukovitch, soutenu par la Russie, a été président de l'Ukraine de 2002 à 2004. C'est la contestation de sa réélection en décembre 2004 qui est au coeur de la «révolution orange». Sous la présidence de son opposant Iouchtchenko, de 2005 à 2010, Ianoukovitch et Ioulia Timochenko se disputent ainsi le titre de premier ministre. Ianoukovitch occupe ce poste de 2006 à 2007. Aux élections présidentielles de 2010, il est cette fois élu avec 48,95% des voix, contre 45,47% pour sa rivale.

Grève

Incarcérée depuis août 2011, Ioulia Timochenko a été condamnée de façon définitive en août 2012 à une peine de sept ans pour abus de pouvoir. La justice ukrainienne lui reproche la signature, en 2009, d'un accord gazier avec la Russie qui a été jugé défavorable à l'Ukraine. En octobre 2012, elle a fait une grève de la faim pour protester contre la victoire du parti du président Viktor Ianoukovitch aux élections législatives. «Le président a peur de Mme Timochenko, car elle est la seule personnalité politique susceptible de le battre dans une élection. C'est pour cela qu'elle est en prison!» estime l'avocat de la politicienne, Sergui Vlassenko.

Europe

La Cour européenne des droits de l'homme a estimé, dans un avis rendu hier, que la détention provisoire de 2011 de Timochenko était «arbitraire et illégale». «De nombreux observateurs [...] ont considéré que ces événements s'inscrivaient dans le cadre de la persécution à caractère politique des leaders de l'opposition en Ukraine», ont noté les juges. Cet avis indispose le gouvernement, qui espère signer un accord d'association avec l'Union européenne (UE) en 2013. En février dernier, l'UE avait déjà demandé des «progrès concrets» en ce qui concerne le respect de l'État de droit afin d'accélérer les négociations.

-Avec AFP