L'attentat de Boston doit inciter la Russie et les États-Unis «à lutter ensemble contre le terrorisme», a déclaré vendredi le président Vladimir Poutine, lors de sa traditionnelle journée où il répond aux questions de ses concitoyens.

«La tragédie de l'attentat de Boston doit nous pousser à lutter ensemble contre le terrorisme. La Russie est elle aussi victime du terrorisme international», a indiqué M. Poutine, lors d'une session de questions-réponses avec la population russe.

«Si nous unissons vraiment nos efforts, nous ne laisserons pas passer de tels coups et nous n'aurons pas à subir de telles pertes», a souligné le président russe.

Le FBI et les services secrets russes, FSB, ont interrogé ensemble ces derniers jours au Daguestan (Caucase russe) les parents des deux frères Tsarnaev, Tamerlan et Djokhar, qui sont soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat de Boston qui a fait trois morts et plus de 200 blessés le 15 avril dernier.

Une polémique a éclaté aux États-Unis sur l'utilisation a priori insuffisante faite par les services de sécurité américains sur des renseignements donnés par le FSB concernant Tamerlan Tsarnaev, identifié comme proche de l'islam radical.

La lutte antiterroriste est l'un des rares domaines dans laquelle la coopération est susceptible de se développer, les relations entre Moscou et Washington étant actuellement difficiles en raison de nombreux désaccords, notamment sur la Syrie et les droits de l'homme en Russie.

Une Russie qui n'a rien de «stalinien»



Le président Vladimir Poutine a estimé qu'il n'y a aucun élément rappelant l'époque stalinienne dans sa manière de gouverner la Russie, tout en soulignant que le pays avait besoin «d'ordre et de discipline».



«Je considère qu'il n'y a là aucun élément stalinien. Le stalinisme est lié au culte de la personnalité, aux violations massives de la légalité, aux répressions et aux camps. Il n'y a rien de tel en Russie», a déclaré M. Poutine, interrogé par un journaliste qui s'inquiétait d'un retour à des pratiques staliniennes en Russie.

«Ligne directe avec Vladimir Poutine»

Le président russe, Vladimir Poutine, répond aujourd'hui à la télévision aux questions de ses concitoyens sur tous les sujets, des problèmes de tous les jours à ceux de politique étrangère, un peu moins d'un an après son retour au Kremlin.

«Ligne directe avec Vladimir Poutine» : la séance de questions-réponses qui est diffusée en direct par trois chaînes de télévision et trois stations de radio, et qui doit durer plusieurs heures, a fait l'objet d'une large publicité préalable, avec des clips appelant les Russes à poser leur question au président.

Ce type de séance de questions-réponses où M. Poutine assume un rôle volontiers paternaliste mais peut aussi lancer des piques sur des sujets sensibles de politique intérieure ou étrangère, est devenu une tradition annuelle en Russie depuis l'arrivée au pouvoir de l'ex-agent du KGB il y a 13 ans.

M. Poutine, qui avait laissé en 2008 la présidence à son ancien chef de cabinet Dmitri Medvedev faute de pouvoir légalement effectuer un troisième mandat consécutif, avait maintenu la tradition en qualité de premier ministre, montrant clairement sa domination sur le pays.

C'est la première fois qu'il se livre à l'exercice depuis qu'il est revenu au Kremlin en mai dernier pour un troisième mandat.

Mercredi à la mi-journée, le nombre de ces questions était déjà de 1,2 million, parvenues au Kremlin via l'internet, des SMS ou des centres d'appel organisés pour l'occasion.

Le Kremlin a indiqué que les questions «les plus intéressantes et celles qui sont le plus d'actualité» seraient posées au président.

La plupart des questions devraient porter sur des préoccupations relevant de la vie quotidienne, alors que l'économie russe voit sa croissance fléchir, que les inégalités sociales sont criantes et la corruption endémique.

M. Poutine devrait également aborder la politique internationale, marquée par l'opposition avec les Occidentaux sur la Syrie et la détérioration des relations avec les États-Unis.

C'est aussi la première fois que M. Poutine se livre à l'exercice depuis la vague de contestation sans précédent qui a marqué l'hiver 2011-2012, saluée dans le monde entier comme la naissance d'une société civile russe.

La contestation est aujourd'hui retombée, sous l'effet des poursuites et de la résignation.

Lors de sa dernière séance en décembre 2011, M. Poutine avait traité l'opposition par le mépris, affirmant par exemple avoir pris son emblème, un ruban blanc à la boutonnière, pour un «préservatif».