L'ex-ministre français du Budget Jérôme Cahuzac, qui a provoqué un séisme politique après avoir menti sur la détention d'un compte secret à l'étranger, a annoncé mardi sa démission de l'Assemblée nationale, dans un entretien-confession sur la chaîne de télévision BFMTV.

Jugeant avoir commis «une faute morale impardonnable», l'ancien ministre, élu dans le sud-ouest, a également jugé «peu probable» de revenir un jour dans la vie politique, estimant qu'«une page se tourne».

Il a répété avoir «menti» au président François Hollande, au premier ministre Jean-Marc Ayrault et au ministre des Finances Pierre Moscovici, auxquels il a demandé «pardon».

M. Cahuzac a démissionné du gouvernement le 19 mars au moment de l'ouverture d'une information judiciaire le mettant en cause pour blanchiment de fraude fiscale. Il a avoué le 2 avril avoir ouvert un compte en Suisse, transféré ensuite à Singapour, alors que depuis décembre il avait nié à plusieurs reprises détenir un tel compte, notamment pendant une séance mémorable à l'Assemblée.

Devenu un paria en France, Jérôme Cahuzac fait avec cette confession sa première intervention médiatique depuis la reconnaissance de ses mensonges. Il avait affirmé récemment à un ami journaliste être obligé de changer de domicile tous les deux jours, voire de coucher dans sa voiture, pour fuir les paparazzis.

M. Cahuzac a reconnu qu'il n'avait «pas eu la force d'âme» de refuser le poste que François Hollande lui a proposé au gouvernement en mai 2012, malgré l'existence d'un compte à l'étranger.

«Ce jour-là, à cet instant-là, j'aurais dû avoir la force d'âme de refuser, j'ai commis une faute en acceptant ce poste», a déclaré M. Cahuzac. «Croyez bien que j'en paie le prix aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Évoquant une «folle erreur» commise «il y a près de 20 ans», l'ouverture d'un compte en Suisse, il a reconnu avoir eu «une part d'ombre». «J'ai cru qu'en travaillant comme j'ai pu le faire (...), j'ai cru que ce travail ardent, sincère, me permettrait de repousser cette part d'ombre», a-t-il dit.

Jérôme Cahuzac a répété que la somme qu'il avait placée à l'étranger était de 600 000 euros (environ 808 000 $), démentant avoir placé «plus», et affirmé que son compte n'avait «jamais servi à financer de campagne du Parti socialiste».

Ces fonds provenaient d'«une activité légale auprès d'entreprises de santé et de laboratoires pharmaceutiques» qu'il a exercée après son départ du ministère de la Santé en 1991 et jusqu'à son élection en tant que député en 1997.

Cette interview de Jérôme Cahuzac, exclu du Parti socialiste, est diffusée au lendemain de la publication par l'ensemble des membres du gouvernement de leur déclaration de patrimoine, un gage de transparence voulu par l'exécutif pour tenter de tourner la page des aveux de l'ex-ministre sur son compte caché à l'étranger qui ont fortement ébranlé la crédibilité de François Hollande.