Les Croates ont voté dimanche pour leurs premières élections européennes, prélude à leur adhésion le 1er juillet à l'Union européenne, un scrutin qui a montré leur manque d'attraction pour le bloc des 27 en raison de la crise économique dans leur pays.

Selon les résultats officiels quasi définitifs portant sur 99% de voix dépouillées, une coalition formée autour des conservateurs de la Communauté démocratique croate (HDZ, opposition) a obtenu six sièges, une autre coalition formée autour du Parti social démocrate (SDP, au pouvoir) en a obtenu cinq, alors qu'un siège a été remporté par une petite formation d'opposition.

Les dirigeants de cette ex-république yougoslave, indépendante depuis 1991, ont affirmé que l'élection des 12 députés croates qui s'ajouteront aux 754 que compte le Parlement européen, représente un moment «historique» et exhorté la population à venir voter en nombre.

Mais dix ans après le début du processus d'intégration à l'UE, les Croates sont lassés par les négociations d'adhésion, accompagnées par des réformes parfois douloureuses, telles la privatisation et la restructuration des chantiers navals qui devraient générer de nombreux licenciements.

Le taux de participation enregistré à la fin du vote a été de seulement 20,79%, largement inférieur à la moyenne de 43% enregistrée dans les 27 pays membres de l'UE lors du scrutin européen de 2009.

Darko Stefanec, un fonctionnaire âgé de 45 ans, a dit avoir voté blanc en refusant de cocher sur la liste. «C'était ma manière de dire que je ne soutiens pas l'entrée de la Croatie dans l'UE», a-t-il expliqué.

«Tant de jeunes ont sacrifié leurs vies pour quitter une fédération et maintenant les politiciens nous poussent à rejoindre une autre», s'est indignée Branimira Horvatovic, 67 ans, en faisant référence à l'indépendance arrachée par la Croatie par une guerre (1991-95) qui a fait 20.000 morts.

«Je ne vais pas voter», a assuré cette enseignante à la retraite.

Dragutin Lesaric, un retraité âgé de 71, a voté mais sans enthousiasme. «L'entrée dans l'UE ne va pas nous apporter quelque chose de spectaculaire, mais il faut aller de l'avant», a-t-il dit.

Radovan Vukadinovic, expert en relations internationales, fait valoir que «le soutien à l'adhésion s'est effrité à cause de la difficile situation économique dans le pays et de la méfiance envers la classe politique locale, mais aussi en raison des problèmes économiques auxquels l'UE est elle-même confrontée».

L'économie croate est en récession quasi permanente depuis 2009. En 2012, le PIB a reculé de 2% sur un an et le chômage touche 22% de la population.

Le gouvernement, conscient que le pays sera l'un des plus pauvres du bloc des 27 - avec un PIB par habitant correspondant à environ 60% de la moyenne européenne -, espère que l'aide financière de l'UE estimée à plus de 13 milliards d'euros d'ici 2020, contribuera au redressement de l'économie locale.

Les douze députés élus dimanche, qui vont représenter ce petit pays de 4,2 millions d'habitants, vont siéger seulement un an, car le Parlement européen sera renouvelé en 2014.

Après la Slovénie qui a intégré l'UE en 2004, la Croatie est la deuxième des six ex-républiques yougoslaves à intégrer le bloc européen. Les quatre autres sont à divers stades de leur processus d'adhésion.