Le gouvernement français, toujours plombé par l'affaire Cahuzac et les mensonges de l'ex-ministre, a décidé vendredi d'accélérer le calendrier d'adoption de la loi sur le mariage homosexuel, alors que ce sujet continue de diviser en profondeur la société française.

Le gouvernement français, toujours plombé par l'affaire Cahuzac et les mensonges de l'ex-ministre, a décidé vendredi d'accélérer le calendrier d'adoption de la loi sur le mariage homosexuel, alors que ce sujet continue de diviser en profondeur la société française.

Après son approbation vendredi par le Sénat, le projet de loi, qui ouvre le mariage et l'adoption plénière aux couples de même sexe, sera soumis dès mercredi à la deuxième lecture des députés, a annoncé le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies.

Son adoption pourrait alors rapidement devenir définitive.

«Le calendrier parlementaire est bouleversé dans des conditions inacceptables qui témoignent d'un mépris total pour l'Assemblée nationale», a aussitôt protesté le chef de file des députés UMP (opposition), Christian Jacob.

«Le président de la République prend le risque d'une confrontation violente avec les Français», a-t-il averti.

Dans la foulée, plusieurs milliers d'opposants au projet de loi ont manifesté dans la soirée à Paris.

«Passage en force, déni de démocratie!»: 7500 manifestants, selon les organisateurs, sont descendus dans la rue pour protester une nouvelle fois contre le projet.

La préfecture de police, interrogée par l'AFP, n'était pas en mesure de chiffrer les manifestants.

Brandissant leurs habituels drapeaux roses et bleus, sifflets à la bouche, les manifestants ont défilé sur les principales artères du Quartier Latin en criant, à l'adresse du président François Hollande: «François, ta loi on n'en veut pas!», «François, retire ta loi!» ou «Hollande dictateur!».

Les manifestants se sont dirigés vers le jardin du Luxembourg, tout près du Sénat, protégé par d'importants effectifs de police et de gendarmerie. C'est là qu'ils avaient déjà manifesté la semaine dernière au premier jour de l'examen de la loi par les sénateurs.

Peu avant 22h00 (heure locale), plusieurs centaines de manifestants, dont certains appartenaient au mouvement traditionaliste Civitas, ont tenté d'aller vers le Sénat aux cris de «Hollande démission».

Des manifestants se sont approchés des gendarmes qui ont tiré des gaz lacrymogènes.

«Ce vote au Sénat, ça s'appelle un hold-up de vote, un déni de démocratie», a déclaré Frigide Bardot, chef de file de l'association «La Manif pour tous», à la tête du mouvement contre le projet du gouvernement et qui avait appelé à ce nouveau rassemblement.

À l'origine, la deuxième lecture du texte à l'Assemblée nationale était envisagée d'ici à l'été.

Une nouvelle manifestation nationale des opposants au projet, dont la mobilisation reste intacte et s'est radicalisée ces derniers mois, est prévue le 26 mai à Paris. La précédente manifestation nationale, le 24 mars, avait rassemblé dans la capitale 1,4 million de personnes selon les organisateurs, 300 000 selon la police.

Un nouvel examen du texte par l'Assemblée «sans tarder» est «sage et légitime», s'est félicité le chef des députés socialistes, Bruno Le Roux.

Révolution sociétale dans un pays ancré dans sa tradition catholique, la réforme du mariage divise l'opinion depuis six mois. Le premier article de la loi, le plus important, prévoit que «le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe».

Lors de son examen, qui a duré une semaine, le Sénat a précisé juridiquement le texte en votant un article qui consacre un principe général d'égal traitement entre époux ou parents homosexuels ou hétérosexuels.

Le mariage gai est l'une des 60 réformes promises en 2012 par François Hollande lors de sa campagne électorale pour la présidence.

«Il y a en chacun d'entre nous une émotion profonde (...) nous reconnaissons simplement la pleine citoyenneté des couples homosexuels», a déclaré la ministre de la Justice Christiane Taubira à l'issue du vote au Sénat.

«Vous ajoutez une rupture sociétale à une crise sociale, ne croyez pas que le vote de la loi effacera cette rupture», a rétorqué l'ex-premier ministre de droite Jean-Pierre Raffarin.

Avec cette réforme, la France emboîtera le pas à une douzaine de pays, dont la Belgique, le Canada et l'Espagne, qui ont légalisé le mariage gai. Aux États-Unis, le mariage homosexuel a été approuvé dans neuf États sur 50. Mercredi, l'Uruguay est devenu le second pays d'Amérique latine, après l'Argentine, à reconnaître le mariage entre personnes de même sexe.