La Serbie a annoncé lundi qu'elle ne signerait pas un accord proposé par l'Union européenne en vue de normaliser ses relations avec le Kosovo, et elle a demandé la reprise des pourparlers sous le parrainage de Bruxelles.

«Le gouvernement de la Serbie ne peut pas accepter des principes présentés verbalement à son équipe de négociateurs à Bruxelles, car ils ne garantissent pas une sécurité totale et la protection des droits de l'Homme pour les Serbes du Kosovo», a déclaré à la presse le Premier ministre serbe Ivica Dacic, en appelant à une «reprise urgente du dialogue avec la médiation de l'UE».

Tout en regrettant la décision de la Serbie, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, l'a appelée lundi à «faire un dernier effort pour parvenir à un accord».

«Après plusieurs sessions de négociations, je pense que tous les éléments d'un accord sur le nord du Kosovo sont sur la table», a-t-elle indiqué dans un communiqué, en soulignant qu'il devait «être conclu par les deux parties», et non imposé par l'UE.

Dans la soirée, le gouvernement kosovar a dit dans un communiqué être «déçu» de la décision prise par Belgrade mais assuré rester ouvert au dialogue.

«Le gouvernement du Kosovo croit toujours que le dialogue est l'unique solution et reste engagé dans ce processus», a-t-on ajouté de même source.

La conclusion d'un accord avec le Kosovo, dont la Serbie refuse de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008, est une condition clé posée par Bruxelles à l'octroi à Belgrade d'une date pour démarrer rapidement ses négociations d'adhésion à l'UE. Sans accord avec Pristina, Belgrade risque de voir cette date reportée sine die.

La Serbie est sous forte pression après la dernière réunion sous parrainage de l'UE, le 2 avril à Bruxelles, qui s'était soldée par un échec. La Commission européenne doit présenter le 16 avril un rapport d'évaluation qui sera soumis aux dirigeants européens avant leur sommet de juin.

C'est l'influent numéro 2 du gouvernement serbe Aleksandar Vucic, chef du principal parti de la coalition gouvernementale, qui a, déjà dans la matinée, laissé comprendre que Belgrade allait refuser de signer l'accord tel que présenté par Bruxelles.

«Nous proposons au gouvernement de ne pas signer (...) quelque chose qui ne tient pas compte du minimum de nos intérêts nationaux et, dans un même temps, de poursuivre les pourparlers et tenter d'atteindre une solution au plus vite», a-t-il déclaré à la presse.

Les pourparlers ont achoppé sur le degré d'autonomie dont pourraient bénéficier les municipalités à majorité serbe du nord du Kosovo, région frontalière de la Serbie qui échappe de facto au contrôle de Pristina.

Belgrade réclame la création d'une «association» de ces municipalités qui disposerait de «pouvoirs exécutifs» pour la sécurité, la police et la justice, ce que Pristina refuse.

Dimanche, le président serbe Tomislav Nikolic a assuré que la décision que prendrait le gouvernement serait «épaulée par le chef de l'État et (par) une majorité des partis politiques» représentés au Parlement.

«A Bruxelles, on n'a pas reçu une offre mais un ultimatum», a-t-il poursuivi, ajoutant que la proposition d'accord entre Belgrade et Pristina «peut et doit être améliorée».

Dans une intervention télévisée dimanche soir, le vice-Premier ministre Vucic a révélé que lors de la réunion à Bruxelles le 2 avril, la délégation serbe n'avait pas reçu un projet écrit d'accord.

«Nous n'avons reçu aucun document. On nous a simplement lu ce qu'on nous demande» de faire, a-t-il expliqué.

«On nous a lu huit points. Six étaient acceptables pour Belgrade, mais deux ne l'étaient pas», a-t-il déclaré.

Engagé en 2011, le «dialogue» serbo-kosovar ne porte pas sur la question de l'indépendance du Kosovo, à laquelle s'oppose la Serbie et qui n'est pas reconnue non plus, notamment, par cinq des 27 pays de l'UE. Mais il a conduit à des avancées qui semblaient improbables il y a quelques années, à l'image de l'accord conclu en décembre sur la question très sensible des points de passage entre la Serbie et le Kosovo.