Marche «citoyenne» pour un «grand coup de balai», appel à la dissolution de l'Assemblée: la gauche radicale et l'extrême droite sont en embuscade pour capter la colère provoquée en France par l'affaire Cahuzac, premier scandale politico-financier de la présidence de François Hollande.

Depuis les aveux de fraude fiscale de l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon et la chef de file de l'extrême droite Marine Le Pen multiplient les déclarations pour tirer bénéfice de l'affaire.

«Nouvelles élections» pour vider «l'abcès», a exigé Marine Le Pen.

«Grand coup de balai» pour «purifier (l')atmosphère politique», «pourriture intrinsèque (du) système», a renchéri Jean-Luc Mélenchon, le patron du Front de gauche.

D'abord proposée par le seul Parti de gauche, puis par l'ensemble des partenaires du Front de gauche, une «marche citoyenne pour la VIe République» et «contre la finance et l'austérité» aura lieu le 5 mai, un an après l'élection de François Hollande (le 6 mai 2012). Elle suivra de quelques jours un autre défilé, celui que le Front national consacre chaque année le 1er mai à la figure de Jeanne d'Arc.

Fin mars, Jean-Luc Mélenchon reconnaissait avoir, dans cette période de crise, «le sentiment d'être dans une course de vitesse avec l'extrême droite».

«Le peuple qui rejette le système choisira entre notre réponse et la leur», résumait-il.

Jeudi, son parti a durement attaqué la présidente du Front National, Marine Le Pen, qualifiée de «caniche fidèle» dans l'affaire Cahuzac et renvoyée à la «lamentable caste de l'entresoi». Il faut dire que la veille une nouvelle fenêtre de tir s'était ouverte avec la révélation des liens d'amitié entre la présidente du Front national et Philippe Péninque, un ancien avocat et ex-leader d'un groupuscule d'extrême droite, qui avait ouvert le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac en 1992.

«On voit bien qu'il y a des proches de Marine Le Pen qui ne sont pas très éloignés de l'oligarchie (...) S'il y a une seule solution de rupture dans ce pays, elle est avancée par le Front de gauche», assure M. Coquerel.

«Je ne suis pas sûr que Mélenchon soit le mieux placé. Il a passé 31 ans au parti socialiste, a été ministre», rétorque le vice-président du FN, Florian Philippot.

«Un référendum sur la vie politique»

Dans le camp socialiste, on fait le dos rond en attendant que l'orage passe, conscient que plus des deux tiers des Français interrogés pour un sondage BVA pour i-Télé pensent que le Front national sera le grand gagnant de la crise.

Secoué comme jamais par ce scandale qui a tourné à l'affaire d'État et qui a mis à mal les promesses de probité et d'exemplarité qu'il avait lancées durant la campagne électorale de 2012, le président François Hollande a rejeté toute idée de remaniement du gouvernement ou de dissolution de l'Assemblée.

Il a promis d'aller «jusqu'au bout» sur la question de la moralisation de la vie publique. Pour cela, il a évoqué une série de mesures afin d'engager une lutte «impitoyable» contre les conflits entre intérêts publics et privés avec la «publication et le contrôle» du patrimoine des ministres et des parlementaires.

Le patron du parti socialiste, Harlem Désir, a lui défendu vendredi soir l'idée d'un référendum sur la moralisation de la vie publique afin de «remettre à plat tout ce qui doit l'être». Il a notamment évoqué le «non-cumul des mandats», le «contrôle du patrimoine des élus», ou encore l'incompatibilité entre des tâches de lobbying et la fonction d'élu.