Plus d'une centaine de personnes, membres ou sympathisants du parti nationaliste chypriote Elam, ont manifesté jeudi soir à Nicosie pour protester contre les mesures visant le secteur bancaire de Chypre dans le cadre d'un plan de sauvetage européen, selon un journaliste de l'AFP.

Les manifestants, la plupart vêtus de noir, certains portant des boucliers, se sont rendus devant le Parlement. Ils portaient en tête de cortège une banderole proclamant «Nous sommes contre les mesures de la troïka», en scandant des slogans comme «Troïka dehors» ou «Cette île est grecque».

Après plusieurs discours, les manifestants ont quitté les lieux pour rejoindre le siège de leur parti.

La troïka composée de l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, a octroyé à Chypre un prêt de 10 milliards d'euros en contrepartie de mesures draconiennes dont la restructuration des deux plus grosses banques du pays.

«Nous protestons contre la troïka et l'accord (conclu avec Chypre). Ils boivent notre sang. Ils ont pris notre argent dans les banques, nous n'acceptons pas cela», a dit Michael 30 ans, employé dans une compagnie de taxi et membre d'Elam (Front national populaire) depuis sa création en 2008.

«Nous voulons que la troïka reprenne l'avion et quitte Chypre. Nous voulons sortir de la zone euro», a-t-il ajouté.

«Nous protestons contre les mesures d'austérité économiques», a indiqué pour sa part Marios Vassiliou, membre du bureau politique d'Elam, accusant la troïka d'avoir pour objectif de «tirer avantage du gaz naturel» de Chypre et de préparer pour l'île divisée «une solution précipitée en faveur de la Turquie».

De nombreux manifestants brandissaient le drapeau d'Elam, une épée blanche au milieu d'une croix blanche, sur un fond bleu, et d'autres le drapeau grec.

Selon un militant, Elam est un parti chypriote nationaliste qui demande le rattachement de l'île à la Grèce et a des liens étroits avec le parti néonazi grec Aube Dorée.

Chypre est divisée depuis 1974, après que la Turquie a envahi le Nord de l'île en réaction à un coup d'État visant à rattacher Chypre à la Grèce, et les négociations sont au point mort depuis des mois.

Les fonds sous-marins chypriotes recèlent d'importantes réserves de gaz, souvent présentées comme une bouée de sauvetage pour cette île au bord de la banqueroute.

Chypre, au bord de la faillite, a conclu lundi un accord avec la troïka prévoyant des restrictions sur les mouvements de capitaux, la fermeture de la Laïki, deuxième banque du pays, et une ponction des comptes supérieurs à 100.000 euros du principal établissement, Bank of Cyprus.