Le mouvement de l'ex-humoriste Beppe Grillo a revendiqué jeudi au cours d'une rencontre avec le président italien Giorgio Napolitano le poste de chef du gouvernement et a exclu de voter la confiance pour soutenir un autre exécutif.        

Étant donné que le Mouvement cinq étoiles (M5S) est depuis les législatives de fin février «la première force politique du pays par le nombre de voix», ses dirigeants ont jugé légitime d'obtenir le fauteuil de premier ministre.

«Nous demandons officiellement un mandat pour former le gouvernement et réaliser notre programme», a déclaré Roberta Lombardi, chef de file des députés du M5S, à la presse, après une entrevue avec M. Napolitano, à laquelle participait aussi Beppe Grillo

Le chef des sénateurs du M5S, Vito Crimi, a rappelé les 20 points du programme du M5S (revenu minimum pour tous, aide aux PME, abolition de la taxe sur la résidence principale, du financement aux partis, référendum sur le maintien dans l'euro..). C'est sur ce programme, qualifié de populiste et démagogique par ses détracteurs, que le Mouvement demanderait la confiance du Parlement s'il était chargé de gouverner, a-t-il souligné.

Beppe Grillo, absent du point presse, a réaffirmé sur son blogue que le Mouvement «ne votera pas la confiance» à un gouvernement qu'il soit «politique» ou «technique» (d'experts), mais apportera ses voix aux propositions de loi coïncidant avec son programme.

Si le Mouvement n'obtient pas le mandat pour former le gouvernement, il réclamera la présidence de deux commissions parlementaires importantes, contrôlant les services de renseignement et la télévision publique RAI, a indiqué Mme Lombardi.

Le M5S, en tant que formation se présentant seule, a obtenu le plus grand nombre de voix aux législatives (environ 25 %), mais il ne s'est classé qu'en troisième position comme force parlementaire, derrière les coalitions de gauche de Pier Luigi Bersani et droite de Silvio Berlusconi.

Le président Napolitano a reçu aussi jeudi une délégation du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, et de son allié, la Ligue du Nord.

En sortant de la rencontre, le Cavaliere, 76 ans, a indiqué avoir proposé au président la formation d'un «gouvernement de coalition» entre son parti PDL et le PD de M. Bersani. «Le pays est en crise profonde, les interventions économiques doivent être immédiates, ce qui exige un comportement de responsabilité de forces qui représentent un tiers de l'électorat», a-t-il souligné, à propos des deux coalitions de droite et gauche.

Cette main tendue de Silvio Berlusconi a cependant été refusée systématiquement ces dernières semaines par M. Bersani dont la base électorale rejette toute alliance avec celui qui est son principal adversaire politique depuis son entrée en politique il y a 18 ans.

Cet après-midi, le président verra son prédécesseur Carlo Azeglio Ciampi et les consultations s'achèveront en soirée par une rencontre avec la délégation du Parti démocrate (PD), la formation de M. Bersani.

La gauche dispose de la majorité absolue à la Chambre des députés, mais pas au Sénat où elle a seulement la majorité relative.

M. Bersani a cherché, sans succès jusqu'à présent, à obtenir le soutien d'une partie (au moins 16) ou la totalité des 54 sénateurs du M5S pour avoir la majorité absolue à la Chambre haute aussi.

La presse se perd en conjectures sur ce que pourrait faire M. Napolitano face à l'impasse dans laquelle se trouve le pays avec les trois principales forces politiques refusant toute combinaison d'alliances pour bâtir une majorité parlementaire.

Il peut donner à M. Bersani «un mandat exploratoire», lui offrant la possibilité d'effectuer ses propres consultations à la recherche d'une majorité.

Il peut aussi donner ce type de mandat à une tierce personne, unanimement respectée et susceptible d'obtenir un large soutien parlementaire.

Un tel gouvernement, transitoire ou technique serait chargé vraisemblablement de conduire le pays jusqu'à de nouvelles élections, en changeant la loi électorale, principale cause de l'impasse actuelle.

Dans tous les cas de figure, le gouvernement de Mario Monti demeure responsable et expédie les affaires courantes tant qu'un nouveau gouvernement n'a pas prêté serment.