«Dans notre pays, il pleut constamment et les urgences sont bondées.» Ce n'est pas généralement le genre de choses qu'un gouvernement répète dans ses publicités. Pourtant, le gouvernement britannique s'apprêterait à le faire.

Alors que des dispositions restreignant la migration des Roumains et des Bulgares au sein de l'Union européenne (UE) seront levées le 1er janvier prochain, les troupes de David Cameron envisageraient d'investir dans une campagne de publicité négative pour les décourager de s'installer au Royaume-Uni. L'objectif? Éviter un raz-de-marée similaire à celui qui a apporté plus d'un demi-million d'immigrants au pays depuis l'adhésion de la Pologne, en 2004.

«J'adore les Polonais, ils n'ont apporté que de bonnes choses au quartier», assure Narges, résidante de Hammersmith, installée à une table du Lowiczanka, un des nombreux restaurants polonais du quartier londonien. Elle n'est donc pas inquiète de l'arrivée imminente d'autres citoyens d'Europe de l'Est.

D'autres, toutefois, le sont. L'organisme britannique Migration Watch, qui milite pour limiter l'immigration, estime que 50 000 Bulgares et Roumains pourraient s'installer au pays annuellement dès 2014. Il prédit que leur arrivée aura des conséquences désastreuses sur le marché de l'emploi et causera une augmentation de l'itinérance dans les grandes villes. Il tente donc de faire pression sur le gouvernement afin qu'il trouve un moyen de contourner la loi européenne sur le libre mouvement de la main-d'oeuvre.

«En 2004, le gouvernement a été pris de court par le nombre d'arrivants, alors qu'il avait rendu publiques des prédictions bien moindres, explique Tim Finch, de l'Institute for Public Policy Research. Ça a miné la confiance du public, qui se demande si on contrôle la situation.»

Même certains Polonais, qui ont pourtant profité de la mesure, sont réticents devant l'arrivée des Bulgares et des Roumains. «Ça ne se passera pas aussi bien pour eux», craint Michal Janowski, jeune Polonais installé à Londres depuis deux ans. «Ce sont des pays beaucoup plus pauvres. La criminalité et l'itinérance vont grimper.»

En plus d'une campagne de «salissage» contre leur propre pays, certains députés ont évoqué la possibilité de limiter l'accès de ce groupe d'immigrants au système de santé et aux bénéfices sociaux.

L'idée a fait réagir la Bulgarie et la Roumanie, qui se plaignent d'être considérées comme des membres de «second plan».D'autres, comme le site d'information roumain Gandul, ont répliqué tout en humour. «La moitié de nos femmes ressemblent à Kate et l'autre moitié à sa soeur, peut-on lire sur le site. Nous n'aimerons peut-être pas le Royaume-Uni, mais vous adorerez la Roumanie.»