La police britannique s'est avérée défaillante pendant 50 ans face à l'animateur de la BBC Jimmy Savile, auteur de centaines de viols et d'agressions sexuelles qui n'ont été révélées qu'en 2012, après sa mort, selon un rapport publié mardi.

L'enquête, réalisée par une institution indépendante, Her Majesty's Inspectorate of Constabulary (HMIC), chargée de contrôler l'activité des forces de l'ordre, a découvert dans les archives de la police cinq plaintes à l'encontre de l'animateur mort en 2011 à l'âge de 84 ans.

La première accusation remonte à 1964, mais n'a donné lieu à aucune enquête.

Le rapport fustige «le traitement inconsistant (de cette affaire) par les forces de police» et estime qu'«il y a une réelle possibilité que de telles défaillances puissent se répéter».

«Les conclusions de ce rapport sont très préoccupantes. Il y a clairement eu des erreurs dans la façon dont la police a traité les plaintes contre Savile de son vivant», a commenté l'inspectrice Drusilla Sharpling.

L'avocat Alan Collins, dont le cabinet représente plus de 40 victimes de l'ex-animateur, a aussi critiqué le rôle de la police. «Savile a ainsi pu continuer (à agir), en dupant tout le monde, et de nombreuses victimes en ont payé le prix. À moins que les pratiques et les mentalités ne changent, il y a un vrai risque qu'une affaire Savile ne se reproduise», a-t-il averti.

La ministre de l'Intérieur Theresa May a quant à elle appelé «à tirer les leçons» de ces manquements.

En janvier, un rapport de la police et des services de protection de l'enfance avait répertorié 214 «actes criminels», dont 34 viols, commis par Jimmy Savile pendant plus de cinquante ans, sur des personnes âgées de huit à 47 ans.

L'ex-vedette des années 1970-80 au style excentrique, qui présentait une émission pour enfants et était engagé dans de nombreuses oeuvres caritatives, a sévi notamment dans des locaux de la BBC, des écoles, des hôpitaux, dont des établissements psychiatriques, et un centre de fin de vie.

Les accusations contre Jimmy Savile, révélées en octobre 2012 par la chaîne de télévision ITV, ont provoqué un scandale au Royaume-Uni et une crise à la BBC, qui a eu pour répercussion la démission de son directeur général.