Une enquête publique s'est ouverte lundi à Londres sur le rôle de soldats britanniques accusés d'avoir tué et torturé des détenus irakiens en 2004.

L'enquête «Al-Sweady», du nom d'Hamid Al-Sweady, un Irakien décédé à l'âge de 19 ans, doit se pencher sur des accusations selon lesquelles des soldats britanniques ont tué des Irakiens qu'ils avaient faits prisonniers après un échange de tirs à un point de contrôle dans la province de Maysan, dans le sud de l'Irak, en mai 2004.

Les soldats britanniques sont aussi accusés d'avoir torturé des prisonniers au Camp Abu Naji (CAN) et dans un centre de détention entre mai et septembre 2004.

Décidée par le gouvernement britannique en 2009, l'enquête est présidée par un ancien juge de la Haute Cour de Londres, Thayne Forbes. Ordonnée après la plainte de cinq Irakiens pour violation des droits de l'homme devant la Haute Cour, elle est destinée à faire la lumière sur les circonstances de la mort de 28 Irakiens, selon l'avocat Jonathan Acton Davis.

L'avocat a indiqué que les certificats de décès de ces hommes, dont des photographies ont été présentées, mentionnaient des blessures par balles, des signes de torture, des os cassés et des mutilations : plusieurs avaient des yeux manquants et l'un n'avait plus de sexe.

Il a rappelé que cette plainte était liée «à des événements qui ont commencé le 14 mai 2004, quand des insurgés irakiens ont mené une embuscade contre des véhicules» de l'armée britannique. «Un violent combat s'est ensuivi (...) qui a fait de nombreux morts irakiens et blessé deux soldats britanniques».

Selon les plaignants, a-t-il dit, une partie des Irakiens tués ne sont pas morts lors des combats et «au moins l'un d'eux (Hamid Al-Sweady) a été assassiné par un soldat britannique après être rentré vivant au CAN».

Le ministère de la Défense a indiqué «prendre extrêmement au sérieux toutes les accusations de mauvais traitements» et assuré «coopérer pleinement» à l'enquête.

En décembre 2012, le ministère de la Défense a annoncé avoir versé 15,1 millions de livres (17,6 millions d'euros) de dommages et intérêts à plus de 200 Irakiens qui accusaient les troupes britanniques de les avoir détenus illégalement et torturés à la suite de l'invasion de l'Irak en 2003. Les troupes de combat britanniques ont quitté l'Irak en 2009.

En septembre 2011, une autre enquête publique avait conclu qu'un Irakien de 26 ans, Baha Moussa, était décédé en 2003 à Bassora à la suite de «violences gratuites» de soldats britanniques.