L'extrême droite autrichienne risque de perdre au profit des sociaux-démocrates le fief historique de son charismatique dirigeant, Jörg Haider, décédé en 2008, lors d'une élection régionale anticipée dans l'État régional (Land) de Carinthie (sud-est), sur fond d'un scandale de corruption lors de la privatisation de la banque Hypo Alpe-Adria.

Une autre élection régionale, dans la province de Basse-Autriche, près de Vienne, aura pour enjeu principal la conservation ou non de sa majorité absolue par la démocratie-chrétienne (ÖVP) qui, au niveau fédéral, fait partie du gouvernement de grande coalition dirigé par le chancelier social-démocrate (SPÖ) Werner Faymann.

Autre enjeu de ces deux scrutins, la présence pour la première fois du milliardaire austro-canadien eurosceptique Frank Stronach, fondateur de l'équipementier automobile Magna, qui, à 80 ans, se lance dans l'aventure politique avec son parti nouvellement créé, Team Stronach, situé sur l'échiquier politique entre la droite et l'extrême droite.

Au total, un peu moins de 1 500 000 électeurs sont appelés aux urnes pour ce scrutin régional, qui donnera aussi une indication sur les tendances avant les élections législatives, prévues fin septembre-début octobre.

En Carinthie, les héritiers de Jörg Haider se présentent divisés, sous les couleurs de deux partis différents et rivaux, le FPK, proche du FPÖ national de Heinz-Christian Strache, et le BZÖ, créé par Jörg Haider après avoir perdu la majorité au sein du FPÖ.

État régional le plus endetté d'Autriche, la Carinthie est secouée depuis des années par une retentissante série d'affaires de corruption, la plus importante étant celle liée à la privatisation de la banque Hypo Alpe-Adria Carinthie au profit de la banque publique bavaroise Bayerische Landesbank. Un scandale dans lequel plusieurs procédures judiciaires sont toujours en cours, les tribunaux ayant déjà rendu plusieurs verdicts de prison ferme, notamment à l'encontre de l'ancien dirigeant de la démocratie-chrétienne carinthienne, Josef Martinz, qui a écopé de cinq ans et demi de prison ferme.

Peu après sa privatisation, Hypo Alpe-Adria a dû être renationalisée par l'État autrichien pour éviter la faillite de la banque et la Bayerische Landesbank d'un côté, Hypo Alpe-Adria et l'État autrichien de l'autre, sont en procès.