Pour la première fois, trois femmes ont annoncé leur désir de briguer la mairie de Paris aux élections municipales de 2014 pour succéder au socialiste Bertrand Delanoë, une évolution sociétale en progression en France comme le montrent la parité de l'exécutif et certaines institutions.

Cette «bataille des dames à Paris» promet une «campagne inédite» pour les municipales dans la capitale, selon le quotidien Le Parisien, entre la socialiste Anne Hidalgo, première adjointe du maire actuel, Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy, et Cécile Duflot, ministre écologiste du Logement.

«Le défi - trois femmes pour Paris - je trouve ça passionnant» a commenté lundi l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit sur la chaîne iTELE. «Peut-être qu'elles pourraient démontrer qu'on peut avoir des projets différents, faire de la politique autrement entre femmes, en étant concurrentes sans être des adversaires».

Anne Hidalgo, 53 ans, avait annoncé la couleur dès le 2 septembre, mais elle devra tout de même attendre des primaires organisées par le parti socialiste à une date encore à fixer.

Mme Kosciusko-Morizet, 39 ans, ex-ministre de l'Écologie sous le président Sarkozy, a pris bon nombre de ses collègues du parti conservateur UMP de court en se disant candidate vendredi. Elle devra elle aussi attendre l'issue de primaires de son parti pour Paris. Cécile Duflot, «outsider» de 37 ans, a créé la surprise dimanche en glissant dans un entretien au Journal du Dimanche que, concernant l'élection municipale à Paris, «rien n'est exclu».

«Le plafond de verre cède par le haut»

La société française, où les femmes sont sous-représentées dans les postes de responsabilité, en compte 33,8 millions contre 31,7 millions d'hommes. Petit à petit cependant, les choses changent en faveur de davantage de féminisation dans de hautes instances.

Au Conseil constitutionnel, institution vénérable chargée de la conformité des lois avec la Constitution, trois femmes viennent ainsi d'être nommées sur propositions respectivement du président François Hollande et des présidents des deux chambres du Parlement, répondant à une demande ancienne des associations féministes.

Nommés pour neuf ans et renouvelables par tiers tous les trois ans, les neuf membres du Conseil constitutionnel comptent désormais un tiers de femmes.

«Avec ces trois nominations, la République tient sa promesse d'égalité : c'est le plafond de verre qui cède par le haut», a déclaré à l'AFP la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.

Au gouvernement de François Hollande, la parité est respectée depuis l'été dernier avec 17 femmes et 17 hommes dans l'équipe autour du premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Dans un pays qui n'a accordé le droit de vote aux femmes qu'en 1945, les députés ont prévu cette semaine de commencer à débattre d'une réforme du système électoral afin d'instaurer la parité par la loi dans toutes les instances élues.

L'Assemblée nationale actuelle, élue en 2012, ne compte que 150 députées, soit 26 % des 577 sièges, contre 19 % dans la précédente.

Alors qu'aux élections régionales, municipales et européennes, la parité est quasiment respectée, la nouvelle formule envisagée vise les élections cantonales : deux sièges par canton, un pour un homme, l'autre pour une femme, le nombre total de cantons étant divisé par deux.