«Tout le monde est sous le choc!» C'est la réaction de l'entourage «américain» de la députée socialiste Corinne Narassiguin, dont l'élection a été invalidée hier.

Élue par les Français du Canada et des États-Unis en juin dernier, Corinne Narassiguin a vu ses comptes de campagne électorale rejetés par le Conseil constitutionnel français.

Cette institution, qui veille sur la régularité des lois et des élections françaises, reproche à la jeune élue d'avoir ouvert deux comptes bancaires, l'un en France, l'autre aux États-Unis, alors que seule l'ouverture d'un compte en France était autorisée.

De plus, le Conseil constitutionnel a estimé que Corinne Narassiguin ne pouvait ignorer une telle disposition et a prononcé son inéligibilité pour un an.

C'est un coup dur pour la gauche, qui avait remporté cette élection à la faveur d'une guerre fratricide à droite.

Corinne Narassiguin a précisé hier que le compte bancaire aux États-Unis «était destiné à effectuer certaines dépenses légales au regard du droit électoral, mais pour lesquelles les moyens de paiement français n'étaient pas acceptés, et à collecter des ressources en espèces parfaitement légales, opérations qui n'auraient pas pu être effectuées depuis le compte parisien.

L'ouverture d'un second compte de campagne n'a jamais eu pour but de contourner le système légal français de contrôle des dépenses électorales».

Elle a mis en cause le «flou qui a entouré les règles qui ont encadré les campagnes législatives à l'étranger et les difficultés particulières à opérer hors zone euro». Elle a par ailleurs précisé que «la sincérité de [ses] comptes n'avait pas été remise en cause» par le Conseil constitutionnel.

Cyrille Giraud, suppléant québécois de Corinne Narassiguin, n'a «aucun doute sur sa probité», mais reconnaît qu'il y a eu une erreur générée par l'équipe de campagne.

Julien Balkany, l'un de ses adversaires de droite, a dès hier matin rappelé qu'il a «dénoncé à maintes reprises [...] l'amateurisme de la candidate du Parti socialiste». «Le Conseil constitutionnel vient donc me donner a posteriori raison en prononçant de surcroît l'inéligibilité de Corinne Narassiguin.»

La décision est sans appel, et la députée socialiste, qui s'est récemment illustrée lors du débat sur le mariage pour tous, devra quitter son bureau de l'Assemblée nationale dans les jours qui viennent.