Le mariage homosexuel a été officiellement adopté samedi en France par l'Assemblée nationale, sur fond de mobilisation persistante des opposants qui redoutent des conséquences néfastes pour la famille et les enfants.

À la mi-journée, les députés français, qui siègent exceptionnellement samedi et dimanche, ont adopté par 249 voix contre 97 l'article 1 du projet de loi légalisant en France le mariage homosexuel.

Cet article rajoute au Code civil rédigé sous Napoléon au début du XIXe siècle une petite phrase qui suscite de grands débats: «le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe».

Un étranger pourra aussi se marier en France avec une personne du même sexe, même si son pays d'origine ne reconnaît pas le mariage homosexuel. Les adversaires du projet ont redouté les risques de «tourisme nuptial» ou «d'asile conjugal» en France.

Les députés de la majorité de gauche ont voté massivement en faveur du mariage pour tous, promesse de campagne du président socialiste François Hollande. La plupart des députés de droite et du centre ont voté contre.

La fermeté du gouvernement sur ce projet phare, dont l'examen va durer encore plusieurs jours, rassure les militants pro-mariage pour tous. «C'est un soulagement pour nous de voir que les choses avancent si bien», a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Inter-LGBT (lesbien, gai, bi trans) Nicolas Gougain.

80 000 manifestants contre le projet

Pendant que les députés délibéraient, environ 80 000 manifestants selon la police sont descendus dans la rue partout en France pour maintenir la pression contre l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels.

Ils ont annoncé une nouvelle mobilisation le 24 mars. Le 13 janvier, une manifestation nationale avait rassemblé à Paris entre 340 000 et un million d'opposants à l'appel du collectif «La Manif pour tous».

À Paris, la manifestation samedi près de l'Assemblée nationale a reçu le soutien du chef des députés UMP (opposition de droite), Christian Jacob, qui a mis en garde contre «les bouleversements éthiques et bioéthiques que la loi (allait) entraîner».

«Aujourd'hui, c'est le mariage, l'adoption, demain ce sera la PMA (procréation médicalement assistée) et la question des mères porteuses qui est toujours posée», a résumé un autre député UMP Philippe Gosselin, synthétisant les arguments des «anti».

Les opposants redoutent en effet que le texte entraîne la légalisation de la gestation pour autrui» (GPA), interdite en France.

Ils tirent à boulets rouges sur une récente circulaire du gouvernement pour faciliter l'accès à la nationalité française d'enfants nés d'une mère porteuse à l'étranger. L'exécutif a toutefois répété qu'il s'opposait à la GPA.

Ces manifestations ont été encouragées par l'archevêque de Rennes, Mgr Pierre d'Ornellas, qui encourage les opposants à «exprimer» leurs «convictions».

Le vote «a des conséquences immédiates pour le respect de l'intérêt supérieur de l'enfant: il serait donc légalement reconnu juste de priver de façon délibérée un enfant d'avoir un père ou une mère», poursuit Mgr d'Ornellas dans un communiqué. «Le mariage signifie l'union de l'homme et de la femme. (...) Il est difficile de s'arroger le droit de changer la signification des mots».

Cette crispation française va-t-elle traverser la Manche? Oui si l'on en croit certains journaux britanniques, selon lesquels le Premier ministre britannique David Cameron sera en effet confronté à une importante fronde au sein de son Parti conservateur lorsqu'il présentera mardi à la Chambre des Communes un projet de loi sur le mariage homosexuel.

Entre 130 et 200 députés conservateurs sur 303 ne soutiendraient pas le projet qui doit être débattu pour la première fois mardi à la Chambre des Communes, selon la presse.