Un kamikaze a fait exploser une bombe vendredi devant l'ambassade des États-Unis à Ankara, entraînant dans sa mort un agent turc de sécurité et blessant gravement une femme, ont affirmé les autorités turques, qui ont imputé l'attentat à l'extrême gauche.

L'attentat s'est produit à 13 h 14 à une entrée annexe de l'ambassade, a affirmé à la presse le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler.

Le kamikaze s'est fait exploser dans la partie extérieure du sas d'entrée, tuant un agent turc de sécurité et blessant gravement une femme qui se trouvaient là, tandis que deux membres du personnel turc de l'ambassade de l'autre côté du sas ont été légèrement blessés, a-t-il ajouté.

«Les premiers éléments de l'enquête indiquent que le kamikaze était un militant d'une organisation clandestine de gauche», a annoncé M. Güler, sans donner plus de détails.

La police aurait cependant identifié l'auteur de l'attaque comme étant Ecevit Sanli, un membre du Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), à l'origine de nombreuses actions violentes en Turquie depuis la fin des années 1970, a rapporté la télévision NTV.

«Nous sommes bien sûr très tristes, nous avons perdu l'un de nos gardiens turcs à l'entrée», a déclaré à la presse l'ambassadeur américain, Francis Ricciardone, qualifiant la victime de «héros».

«Le complexe est sécurisé, nous nous sentons tous en sécurité grâce à votre action», a ajouté le diplomate à l'adresse des autorités turques, «nous sommes chez des amis (...) nous allons continuer à combattre le terrorisme ensemble».

M. Ricciardone a identifié la blessée grave comme étant la journaliste turque Didem Tuncay, correspondante diplomatique de NTV.

La jeune femme était traitée aux soins intensifs pour des blessures à la tête, selon des sources hospitalières.

L'explosion n'a pas causé de dommages à l'intérieur du complexe de l'ambassade, située dans le quartier où sont installées la plupart des représentations diplomatiques de la capitale turque, selon un membre turc du personnel de l'ambassade.

PHOTO REUTERS/IHLAS NEWS AGENCY

La déflagration est survenue à 11 h GMT (6 h à Montréal) devant une entrée secondaire de l'ambassade, celle utilisée pour les demandeurs de visas, a constaté une journaliste de l'AFP.

«Comme un séisme»

Ahmet Mete, travaillant pour une société d'assurance à une centaine de mètres de l'endroit où s'est produite l'explosion, a déclaré à l'AFP avoir entendu «une violente déflagration». «C'était comme si un séisme se produisait», a-t-il ajouté.

«Tous les jours, des centaines de personnes viennent ici pour faire une demande de visa. La zone est très protégée depuis des années. Il y a trois barricades sur cette rue», a indiqué M. Mete.

À l'annonce de l'attentat, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a souligné lors d'un rassemblement à Istanbul la nécessité de «mener ensemble le combat contre le terrorisme partout dans le monde».

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a condamné dans un communiqué «avec la plus grande fermeté» l'attentat et exprimé sa «solidarité aux autorités américaines et turques».

Le DHKP-C figure sur la liste des organisations considérées comme terroristes par les États-Unis et l'Union européenne. Il a revendiqué le 11 septembre dernier un attentat-suicide qui a coûté la vie à un policier à Istanbul.

L'attaque contre l'ambassade intervient alors que la police turque a organisé le 18 janvier un vaste coup de filet contre cette organisation, arrêtant 85 de ses membres présumés.

Elle coïncide également avec le récent déploiement en Turquie par les États-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas, sous couverture de l'OTAN, de batteries de missiles sol-air Patriot destinées à protéger le territoire turc d'éventuelles attaques syriennes.

Le DHKP-C est violemment hostile à l'OTAN et à «l'impérialisme américain».

Les États-Unis avaient déjà été visés en 2008 par un attentat contre leur consulat général à Istanbul. Trois personnes avaient alors ouvert le feu sur le poste de sécurité de l'entrée principale du consulat américain, tuant trois policiers.

Les trois hommes, liés à la mouvance islamiste, avaient été abattus pendant l'assaut.

PHOTO BURHAN OZBILICI, AP

Des ambulanciers et des pompiers évacuent sur une civière une femme blessée lors de l'explosion ayant visé l'ambassade des États-Unis à Ankara, le 1er février.