À deux jours du début de l'examen au Parlement du projet de loi sur le mariage homosexuel, ses partisans défilaient par milliers dimanche après-midi à Paris, décidés à ne pas laisser le terrain aux opposants sur ce sujet qui divise fortement la société française.

Derrière la banderole «Pour l'égalité maintenant, contre les discriminations tout le temps», le cortège s'est mis en marche peu après 13H00 GMT (8H00, heure de Montréal).

Les défenseurs de l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe veulent ainsi riposter aux opposants au projet qui avaient rassemblé le 13 janvier entre 340 000 personnes (selon la police) et 800 000 (selon les organisateurs) dans la capitale.

De nombreux manifestants brandissaient des drapeaux arc-en-ciel, symbole de la cause homosexuelle.

Andrée et Gaston Pelot, 68 ans, venus de Conflans-Sainte-Honorine, près de Paris, disent être là «pour nos idées, pour l'égalité, pour notre fils (homosexuel). On ne devrait pas être là, (autoriser le mariage homosexuel) ça devrait couler de source», estiment-ils.

La manifestation a reçu le soutien du premier ministre Jean-Marc Ayrault. Que l'Assemblée nationale «soit appuyée par des mouvements d'opinion, tant mieux», a-t-il lancé samedi.

Quelle que soit l'ampleur de la mobilisation, les dés sont jetés. Il n'y a «aucun doute sur l'issue» de ce texte, «une loi sera votée et même à une large majorité», a prédit M. Ayrault.

La future loi traduit une promesse de campagne du président François Hollande pour légaliser le mariage homosexuel, ainsi que l'adoption, comme dans d'autres pays (Espagne, Portugal, Pays-Bas...).

Selon un dernier sondage Ifop, qui confirme de précédentes enquêtes, l'opinion est majoritairement favorable au mariage homosexuel (à 63% pour), mais très partagée sur l'adoption d'enfants par des couples du même sexe (49% pour, 51% contre).

Selon les défenseurs du projet, il s'agit de défendre l'égalité des droits, mais aussi la nécessité de sortir les familles homoparentales d'un vide juridique, qui prive par exemple le conjoint du parent biologique de tout lien légal avec l'enfant.

En recevant vendredi à l'Élysée la porte-voix très médiatisée des opposants, l'humoriste catholique Frigide Barjot, le président socialiste avait réitéré sa détermination de voir adopter le texte de ce projet de loi par le Parlement.

Le débat à l'Assemblée s'ouvre mardi

Il a écarté une nouvelle fois tout recours au référendum, comme le réclament la droite et les représentants des communautés religieuses, l'Église catholique en tête, qui mènent le combat contre le projet.

Les opposants au projet affirment que le mariage est depuis toujours l'union d'un homme et d'une femme. Les partisans mettent en avant la reconnaissance de la diversité des situations (couples non mariés, familles recomposées, familles homoparentales, etc.).

«La gauche n'est pas l'ennemi de la famille. C'est nous qui allons institutionnaliser la possibilité pour nos concitoyens de choisir la forme de famille qu'ils veulent!», estime la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti.

Les opposants contestent aussi l'adoption, car, selon eux, un enfant ne peut se construire normalement qu'avec des parents de sexe différent. Certains psychiatres partagent cette crainte, d'autres soulignent que l'enfant peut avoir d'autres repères sexués que ses parents (amis, oncles et tantes).

À partir de mardi la polémique sera reportée à l'Assemblée avec le début de l'examen du texte. Plus de 5300 amendements, un nombre inhabituellement élevé, ont été déposés, dont l'essentiel émane de l'opposition.

Tentative apparente de calmer le jeu, la majorité socialiste a renvoyé à un autre texte de loi sur la famille, attendu au printemps, le débat sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes.