La chancelière Angela Merkel vise une victoire décisive dimanche dans un scrutin régional test en Basse-Saxe, dans le nord de l'Allemagne, à huit mois des législatives où elle briguera un troisième mandat.

L'élection, qui s'annonce très serrée, décidera du maintien ou non d'une majorité pour les conservateurs (CDU) et les libéraux (FDP) au parlement de ce Land, le deuxième plus étendu d'Allemagne. Elle sera aussi un test pour cette même coalition au pouvoir à Berlin.

Venue en Basse-Saxe roder ses arguments pour la campagne nationale, Angela Merkel aura activement soutenu le ministre-président de cet État régional, David McAllister, participant à plusieurs meetings avec ce jeune dirigeant de 42 ans, aux origines écossaises, à qui les observateurs promettent une carrière politique nationale au plus haut niveau.

Si David McAllister, et son allié libéral l'emportaient, Mme Merkel, au firmament dans les sondages, aurait quasiment déjà gagné les législatives de septembre, estimait samedi le quotidien Rheinische Post. «Son seul problème serait alors d'éviter que son parti ne s'endorme dans son assurance de triompher», avançait-il.

Mais si le bloc social-démocrate (SPD) et écologiste arrivait à l'emporter «Merkel ne paraîtrait tout à coup plus invincible» et son adversaire Peer Steinbrück, tête de liste du SPD pour les législatives «deviendrait tout à coup une alternative envisageable au poste de chancelier», selon le journal.

Après un début de campagne catastrophique marqué par une succession de polémiques et de maladresses, Peer Steinbrück est pour le moment largement distancé par Mme Merkel dans les enquêtes d'opinion. Seule une victoire dans l'État régional de Gerhard Schröder, dernier chancelier social-démocrate, serait en mesure de le relancer.

La responsabilité d'un échec en Basse-Saxe risquerait de lui être imputée, puisque la courbe des intentions de vote du chef de file SPD dans ce Land, le maire de Hanovre, David Weil, apprécié localement, semble avoir fléchi au rythme des bourdes de Steinbrück.

L'autre clé du scrutin sera le score du FDP. David McAllister, a besoin que ce parti franchisse la barre des 5% permettant d'avoir des élus pour se maintenir.

Si le FDP n'atteignait pas ce seuil, le partenaire de Mme Merkel au niveau national, déjà affecté par de nombreux échecs dans des scrutins régionaux récents entrerait dans une grave crise.

Le vice-chancelier et ministre fédéral de l'Économie, Philipp Rösler, originaire de Basse-Saxe, pourrait être contraint d'abandonner la présidence du parti.

M. McAllister, assuré de finir en tête du scrutin, pourrait toutefois se maintenir à la tête du Land, si la seule majorité viable était une grande coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs. Un scénario qui pourrait préfigurer le résultat des législatives du 22 septembre, selon des observateurs.

Un peu plus de six millions d'électeurs étaient appelés à voter dimanche. Les bureaux de vote devaient fermer à 18H00, avec les premières estimations dans la foulée.

Un dernier sondage jeudi donnait le parti conservateur (CDU) de la chancelière largement en tête avec 41% des intentions de vote et son allié libéral (FDP) à 5%, soit 46% ensemble. Le SPD était crédité de 33% et les Verts de 13%, soit une égalité parfaite entre les deux blocs ne permettant pas de prévoir quelle coalition pourrait être formée.

Pourtant, l'alliance du SPD et des Verts semblait encore bien partie pour l'emporter il y a quelques semaines.

Molle en début de journée, la mobilisation des électeurs était en hausse en fin d'après-midi. À 16H30, le taux de participation était de 53,33%, presque 4 points de plus que lors du dernier vote en 2008 à la même heure (49,51%).